Arras : le procès de l'attentat raté du Thalys en 2015 s'ouvre à Paris

Un jour de l'été 2015, Ayoub El Khazzani monte en gare de Bruxelles dans le train Amsterdam-Paris avec une kalachnikov. Grâce à l'intervention de plusieurs passagers, le terroriste n'avait pas pu faire de victime. Le train s'était arrêté en urgence à Arras.

21 août 2015, fin d'après-midi. Ayoub El Khazzani, un Marocain de 25 ans, monte en gare de Bruxelles dans le train Amsterdam-Paris. Il entre aux toilettes, retire sa chemise, place un pistolet dans sa ceinture et une kalachnikov en bandoulière. Son sac posé sur le ventre est ouvert, chargeurs et munitions à portée de main. Grâce à l'intervention de plusieurs passagers, le carnage a été évité. Son procès commence ce lundi à Paris. 

Quand la porte des toilettes s'ouvre et qu'ils se retrouvent face à cet homme torse nu, armé, "l'air en transe", ils croient d'abord à une plaisanterie. Avant de comprendre. Le premier passager se jette sur lui, le deuxième parvient à attraper la kalachnikov. Ayoub El Khazzani sort son pistolet, lui tire dans le dos, et récupère le fusil d'assaut.

Le train arrêté en gare d'Arras

Dans le wagon, trois Américains en vacances, dont deux militaires, sont alertés par le bruit. Ils se jettent sur lui, le désarment et le maîtrisent avec l'aide d'autres passagers. Le train est arrêté en gare d'Arras, l'auteur de l'attaque interpellé. "Il avait assez de munitions pour tuer 300 personnes", insiste Me Thibault de Montbrial, qui représente les Américains et ne doute pas qu'un "attentat de masse" a été évité.

Ayoub El Khazzani avait rejoint le groupe Etat islamique en Syrie en mai 2015. A l'été, il avait pris la route vers l'Europe depuis la Turquie avec son commanditaire, venu piloter depuis la Belgique la cellule jihadiste qui préparait aussi les attentats du 13-Novembre à Paris: Abdelhamid Abaaoud. 

Le terroriste assure n'avoir voulu viser que les Américains

Après un an et demi de silence, 130 morts à Paris et 32 à Bruxelles, Ayoub El Khazzani avait demandé à être entendu par les enquêteurs. Il leur avait assuré qu'Abdelhamid Abaaoud, tué par la police peu après le 13-Novembre, lui avait demandé de ne viser que les Américains, pas les civils.

Un argument jugé "pas sérieux", alors que le même Abaaoud préparait à ce moment-là le 13-Novembre contre des civils. La présence des Américains dans ce train était en outre impossible à anticiper. Célébrés en héros en France, où ils ont reçu la légion d'honneur à l'Elysée, et à leur retour aux Etats-Unis, les trois Américains aujourd'hui âgés de 28 ans seront présents pour leur audition devant la cour d'assises spéciale en fin de semaine.

En 2018, ils avaient joué leur propre rôle dans un film de Clint Eastwood, "le 15H17 pour Paris" - de fait la seule "reconstitution" des faits à laquelle ils ont participé. Le réalisateur de 90 ans devrait à ce titre être entendu comme témoin par visioconférence la semaine prochaine.Ayoub El Khazzani, aujourd'hui 31 ans, a "énormément évolué, s'est totalement déradicalisé et a fait part de ses regrets les plus authentiques", assure son avocate Sarah Mauger-Poliak, qui décrit un homme qui "passe la majeure partie de son temps à lire et étudier le français et les sciences".

Le procès, qui doit durer jusqu'au 17 décembre, commence alors que s'achève, à la fin du mois, celui des attentats de janvier 2015. Il s'ouvre dans un contexte de forte menace terroriste après une succession de trois attentats en un mois, devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, à Conflans-Saint-Honorine et à Nice.
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