Le juge d'instruction chargé de l'enquête sur l'attaque déjouée à bord d'un train Thalys Amsterdam-Paris à l'été 2015 a ordonné un procès aux assises pour le tireur et trois autres suspects.
Dans son ordonnance signée mercredi, le magistrat renvoie devant une cour d'assises spéciale le tireur, Ayoub El Khazzani, pour "tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle", selon une source judiciaire.
Trois autres protagonistes seront jugés à ses côtés: Bilal Chatra et Mohamed Bakkali pour "complicité de tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle", et Redouane Sebbar, également connu sous l'identité de Redouane El Amrani Ezzerrifi, uniquement pour cette dernière infraction.
Le juge d'instruction a en revanche ordonné un non-lieu pour un quatrième homme, Youssef Siraj, estimant que les éléments à charge à son encontre étaient insuffisants.
Quelques mois avant les attentats du 13 novembre 2015, le 21 août 2015, Ayoub El Khazzani, monté en gare de Bruxelles, avait ouvert le feu à l'intérieur du Thalys, armé d'une kalachnikov et de neuf chargeurs pleins. Ce citoyen marocain, alors âgé de 26 ans, agissait sur instruction d'Abdelhamid Abaaoud, coordinateur de la cellule du groupe Etat islamique (EI) ayant frappé la France et la Belgique en 2015 et 2016.
Il avait blessé deux passagers avant d'être maîtrisé par des passagers dont des militaires américains en vacances, qui avaient ainsi évité un carnage. Le train s'était arrêté en gare d'Arras (Pas-de-calais), où les passagers du Thalys avaient été évacués. En décembre 2016, El Khazzani avait reconnu pour la première fois son implication dans l'attaque, rompant avec dix-huit mois de silence. Abdelhamid Abaaoud "m'a dit que la cible était dans le Thalys, où je devais attaquer des Américains", a-t-il déclaré au juge dans une de ses auditions. "Il m'a expliqué que le meilleur moyen de faire ma mission c'est d'utiliser des explosifs. Moi, j'ai dit que je préférais une kalachnikov", a-t-il ajouté.
Le tireur du Thalys prétend n'avoir voulu cibler que des militaires américains, en représailles aux bombardements en Syrie, et non des civils. Il affirme avoir renoncé à son projet d'attentat à l'ultime seconde, trop tard pour éviter une bagarre avec les passagers qui voulaient le désarmer.
Dans cette enquête, Bilal Chatra avait été mis en examen pour avoir joué le rôle de passeur pour El Khazzani et Abaaoud, sur leur trajet de retour de Syrie au milieu du flux de migrants. Redouane Sebbar aurait, lui, participé aux préparatifs de la fusillade dans le train, tandis que Mohamed Bakkali est considéré comme un logisticien essentiel de la cellule jihadiste.