"De la sidération", "une angoisse", "un ras-le-bol". Au lendemain de l’attaque terroriste survenue au lycée d’Arras, ce samedi 14 octobre 2023, des syndicats enseignants des Hauts-de-France partagent l’émotion de la communauté éducative.
Alors qu’environ 500 établissements étaient ouverts ce matin et placés sous "surveillance renforcée", ce samedi 14 octobre 2023, les pensées se tournent désormais vers la rentrée de lundi matin.
"Le premier jour, la première heure, il y a forcément un moment d’émotion mais aussi de résilience. Il y a une angoisse liée à ce traumatisme mais pas de peur. L’état d’esprit est de devoir affronter ce moment, comme nous l’ont confié des élèves, la vie est plus forte", souligne Nicolas Pénin, secrétaire régional UNSA Hauts-de-France.
"C'est de la sidération, un état de choc quand on apprend ça. C'est inimaginable. On aime notre métier", complète Guillaume Ancelet, secrétaire départemental du FSU dans la Somme.
Quelles attentes pour la rentrée de lundi ?
Ce lundi 16 octobre coïncide également avec les trois ans de l'assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie dans un collège des Yvelines. "Une matinée d’hommage était déjà prévue avec un temps de travail avec les élèves. Ce sera l’occasion d’échanger avec eux. Il est difficile d'envisager autre chose qu'un temps de recueillement", estime Guillaume Ancelet.
Lundi, les cours dans les collèges et lycées reprendront à 10h afin de permettre aux enseignants de disposer d'un temps d'échange. Chacun aborde cette rentrée "selon sa propre sensibilité" : "Certains se sont rassemblés dès vendredi soir, d’autres à Arras ce samedi matin. Si des enseignants ont besoin d’un temps entre 8h et 10h lundi, cela doit leur être facilité. D’autres, au contraire, voudront peut-être retrouver tout de suite leurs élèves pour en discuter avec eux."
Certains enseignants sont très en colère et veulent exercer leur droit de retrait. Ils expriment un ras-le-bol, se disent "merde, c’est encore nous alors qu’on se donne au quotidien". D’autres disent que si on est ciblés, c’est car nous portons des valeurs d’émancipation et qu’il ne faut pas flancher et continuer.
Guillaume AnceletSecrétaire départemental du FSU dans la Somme
Pour celui qui est aussi enseignant d’EPS au collège de Chaulnes, des questions pratiques devront être éclaircies : "Le recteur a annoncé que toutes les sorties scolaires sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Est-ce que je peux me déplacer jusqu’au stade qui est à 500 mètres ?"
Un renforcement des forces de sécurité aux abords des établissements
À l’issue de la rencontre avec les organisations syndicales, vendredi soir, Gabriel Attal a indiqué que 1 000 personnes de prévention et de sécurité du ministère seront déployées dans les établissements scolaires. "Il s’agit des équipes mobiles de sécurité qui sont rattachées aux rectorats. J’ai donné consigne aux rectrices et recteurs de les déployer pour les jours à venir puisque je mesure les inquiétudes qui peuvent exister", a précisé le ministre de l'Éducation.
Pour une réponse immédiate, cela peut être bien, mais on souhaite des annonces qui peuvent s'inscrire dans le temps.
Nicolas PéninSecrétaire régional UNSA Hauts-de-France
"Il faut former des personnes pour qu'elles soient capables de réaliser des interventions, mais aussi savoir travailler dans un établissement scolaire, avec des jeunes", ajoute celui qui est CPE et dans l'enseignement depuis 25 ans. "Cela nécessite des compétences physiques et personnelles."
"Si des renforts en sécurité sont apportés, tant mieux mais face à ce type de barbarie, il n’y a pas de réponse systémique", tranche quant à lui Guillaume Ancelet, secrétaire départementale du FSU dans la Somme. "On ne peut pas avoir un policier devant chaque établissement scolaire. Il faut continuer à concevoir les écoles comme un lieu sanctuarisé."
Durant tout le week-end, des dispositifs d’écoute pour les personnels de l’éducation nationale sont activés dans chaque académie.