En novembre dernier, le meurtrier de Dominique Bernard est passé aux aveux. Il l'affirme : l'attaque dans son ancien lycée était bien planifiée et ciblait principalement son ancien professeur de français.
“C’était la tâche principale” affirme Mohamed Mogouchkov pour décrire sa volonté de cibler Dominique Bernard, son ancien professeur, dans son ancien lycée. Une "tâche" comme on effectuerait, mécaniquement, une besogne, une mission. C'est tout l'intérêt de ce témoignage, où l'on apprend que l'attaque dans ce lycée d'Arras était planifiée et principalement dirigée contre Dominique Bernard.
Ces aveux datent du 10 novembre dernier. Mohamed Mogouchkov est alors entendu par la juge d’instruction en charge de l’enquête. Un long entretien. Un volte-face surtout, car dans un premier temps, l’assaillant de 21 ans était resté muet pendant sa GAV devant les enquêteurs. Désormais, des détails précieux sont connus de la justice, récoltés par la magistrate.
Mohamed Mogouchkov affirme alors que la fonction de professeur de français est visée, plutôt que l'homme. "Je n'avais pas de problème particulier avec lui" affirme l'assaillant mais son métier "professeur de français, de lettres" est "une des matières où l'on transmet la passion, l'amour, l'attachement de la démocratie, des droits de l’homme” qui selon lui sont “des droits mécréants”.
"Tout était planifié" affirme l'assaillant
L’homme évoque alors un plan élaboré “une à trois semaines à l’avance”. Il l’avoue : "tout était planifié". "Les moyens utilisés, l'emplacement et la cible étaient intentionnels”. Les vendredis précédents, il repère les lieux. Sept jours avant l’attentat, il achète un couteau pliant puis un second, la veille. Il décide aussi de passer à l’acte un vendredi “jour symbolique pour l’Islam”.
En revanche, dès le premier coup de couteau porté à Dominique Bernard, l'assaillant improvise. Il raconte ainsi avoir “refusé” de tuer les trois personnes qu’il a aussi blessées par “pitié de les voir mourir ou se faire tuer en état de mécréance”.
Depuis le début des investigations, l'entourage de l'assaillant préoccupe les enquêteurs. Notamment le frère et le cousin, soupçonnés d'avoir été au courant du projet d'attaque de Mohamed Mogouchkov. L'aîné de la famille, Movsar, est actuellement incarcéré pour ne pas avoir dénoncé un autre projet d'attentat, aux abords de l'Elysée. Mais il n'est pas poursuivi à ce stade pour celui d'Arras. La personnalité du père interpelle aussi. Il a été expulsé vers la Russie en 2018, fiché S pour radicalisation islamiste. Désormais en Arménie, il déclarait condamner le geste de son fils, suite à l'attentat d'Arras.
De son côté, Mohammed Mogouchkov a répété avoir agi seul : "aucune personne n'était au courant de ce projet ou même de cette volonté".