Reporté faute de magistrats en début d'année, le procès de Mahiedine Merabet, Clément Baur, soupçonnés d'avoir voulu organiser un attentat pendant la campagne présidentielle de 2017 s'est ouvert à Paris. Il va durer jusqu'au 1er décembre.
Dans le box des accusés, Mahiedine Merabet, Clément Baur et 10 hommes soupçonnés de les avoir aidés dans leur macabre projet. Les deux principaux suspects sont soupçonnés d’avoir projeté un attentat pendant la campagne présidentielle de 2017.
Interpellés le 18 avril 2017 à Marseille, soit cinq jours avant le premier tour de l’élection, les deux hommes s’étaient rencontrés en prison deux ans plus tôt. Mahiedine Merabet, né en 1987 à Croix, est un délinquant multirécidiviste de Roubaix. Condamné à 12 reprises entre 2004 et 2013 pour des faits de vol aggravé, violences et trafic de stupéfiants, c’est à la maison d’arrêt de Sequedin qu’il rencontre Clément Baur.
En 2016, Mahiedine Merabet et Clément Baur partagent un appartement à Roubaix avant de partir s’installer à Marseille. Marseille, où les enquêteurs découvriront lors de la perquisition de leur planque un fusil-mitrailleur, des pistolets, des munitions et 3,5 kg de TATP, l’explosif utilisé par les djihadistes lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris.
Fusil-mitrailleur et drapeau de l'Etat Islamique
Mahiedine Merabet et Clément Baur avaient précipité leur chute en cherchant à contacter, via la plateforme Telegram, le groupe Etat islamique (EI) pour lui transmettre une vidéo d’allégeance et de revendication. Mais c’est en réalité un agent infiltré de la DGSI, la direction générale de la sécurité intérieure, qui en avait été le destinataire.
Dans celle-ci, on voyait des dizaines de munitions disposées sur une table de manière à écrire "la loi du talion" au côté d’un fusil-mitrailleur, d’un drapeau de l’EI et la Une du Monde du 16 mars 2017 avec une photo du candidat de droite François Fillon, suivi d'un montage d'enfants victimes de bombardements en Syrie.
Lors de l’exploitation des supports numériques, les enquêteurs ont mis en évidence de nombreuses recherches sur de potentielles cibles : des clubs libertins, des bars, un restaurant casher et un meeting de Marine Le Pen à Marseille, prévu le 19 avril 2017, soit au lendemain de leur interpellation.
Procès jusqu'au 1er décembre
Au cours de l’instruction, Mahiedine Merabet a contesté tout projet d’attentat meurtrier, admettant toutefois avoir envisagé "un coup d’éclat" en faisant exploser une grenade artisanale à proximité du meeting de la candidate d’extrême droite. Son collègue Clément Baur a quant à lui assumé son appartenance idéologique à l’Etat Islamique et a assuré qu’il ne voulait causer que des "dégâts matériels".
Pour autant, une conversation interceptée lors de ses parloirs laisse peu de place au doute. "Baghdadi (ex-chef de l'Etat islamique, ndlr) il a raison, il faut pas parler avec eux, il faut juste les rafaler, les exploser", dit-il notamment.
Après un premier procès renvoyé au bout de quelques jours en janvier 2023 faute de magistrats disponibles, le procès s’est ouvert ce lundi 30 octobre 2023 à Paris. Parmi les 12 accusés, six sont originaires de Roubaix. Le procès est prévu jusqu’au 1er décembre.
Avec AFP