L'Arrageois David Gruson a publié le deuxième tome de S.A.R.R.A. en mars dernier. Dans le polar, une intelligence artificielle doit sauver le monde d'une pandémie mondiale. La majeure partie de l'intrigue se tient dans les Hauts-de-France, provoquant d'étranges résonances avec l'actualité.
Il y a six mois, David Gruson décide avec sa maison d'édition de publier le deuxième tome de S.A.R.R.A. en mars 2020.
L'histoire se déroule en 2026 : une pandémie d'Ebola menace le monde, ravage l'Allemagne et la Belgique. SARRA, un logiciel d'intelligence artificielle, doit sauver le monde en découvrant un vaccin contre ce fléau.
Tellement reconnaissant de vos retours sur #SARRA et #SARRA2, en résonance si forte avec ce que nous vivons. Merci @BetaPublisher de l’avoir compris en inscrivant les ventes de ses livres dans une action de solidarité face au #COVID19 #IA @CynthiaFleury pic.twitter.com/CFJYDe1pnv
— David Gruson (@GrusonDavid) May 9, 2020
L'auteur, originaire d'Arras, plonge le lecteur dans les arcanes du pouvoir parisien à travers les paysages des Hauts-de-France, dans un environnement de complots terroristes et de tensions géopolitiques.
Quand il débute l'écriture du premier tome, S.A.R.R.A. une intelligence artificielle, trois ans auparavant, David Gruson n'a aucune idée que son récit prendra vie quelques années plus tard. À tel point que son récit pourrait bien se retrouver dans le petit écran.
S.A.R.R.A. une conscience artificielle traite d'une pandémie mondiale. Comment avez-vous eu cette idée ?
S.A.R.R.A. est un logiciel d'intelligence artificielle chargé de concevoir un vaccin pour sauver le monde d'une épidémie d'Ebola. En 2014 je dirigeais le CHU de la Réunion et nous avons frôlé le déclenchement d'une épidémie sévère. Ebola touchait alors toute l'Afrique de l'ouest. Avec S.A.R.R.A., j'ai voulu explorer ce qu'il se passerait si on confiait la gestion d'une telle crise à une intelligence artificielle plutôt qu'à un groupe ministériel.
L'écriture est antérieure à l'épidémie de coronavirus, quel sentiment éprouvez-vous face à cette coïncidence ?
Bien sûr, il s'agit d'un ouvrage de fiction. J'aurais préféré me tromper mais c'est vrai que ce récit trouve aujourd'hui beaucoup de résonances, en tout cas c'est ce que me renvoient les professionnels de santé. Et puis, certains détails vont au-delà du troublant : dans S.A.R.R.A., l'Europe est mise sous tutelle numérique avec un logiciel appelé... Pangolink, dont le logo est un pangolin. Dans le livre, on a recourt à des robots drones, ce qu'on retrouve aujourd'hui avec les débats sur le data tracking...
L'utilisation de l'intelligence artificielle dans la gestion de l'épidémie fait justement polémique aujourd'hui, à travers l'application Stop Covid par exemple. Quel regard portez-vous dessus ?
Le tome 1 montrait le besoin de garantie humaine dans l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA). Avec Ethik-IA (une initiative pour la régulation de l'IA consultée dans le cadre des états généraux de la bioéthique, NDLR), nous avons d'ailleurs pu inscrire ce besoin de garantie humaine à l'article 11 dans la loi de bioéthique. Aujourd'hui, je suis satisfait de voir que l'intelligence artificielle fait partie du débat public. Pour autant, quand vient le moment de la crise, ce n'est plus le moment de réflechir : il faut réguler l'IA dès le départ et la contrôler en temps réel.
En tant qu'ancien directeur de CHU, comment imaginez-vous le quotidien dans les établissements de santé ? La perspective du déconfinement vous inquiète-t-elle ?
Les personnels des hôpitaux font preuve de grandes compétences et d'un dévouement extraordinaire. Ils ont dû affronter une crise avec des moyens rudimentaires au départ et ils ont fait face. Concernant le déconfinement le 11 mai, je n'y suis pas opposé mais il faut à tout prix continuer à respecter les mesures de protection.
Vous êtes attaché à votre région, comment l'exprimez-vous dans votre écriture ?
D'abord, S.A.R.R.A. est l'anagramme d'Arras, la ville dont je suis originaire. Si le tome 1 comprenait de nombreuses scènes dans les Hauts-de-France, les scènes du tome 2 sont encore plus concentrées dans la région. Elles se déroulent à Paris mais aussi à Lille, à Dunkerque ou Arras. Une partie importante a même lieu à Mimoyecques (Pas-de-Calais).
Le thème du livre, son ancrage spatio-temporel, sa date de parution... Tout est tombé à pic, n'est-ce pas ?
C'est vrai que le livre a très bien démarré. Avec le coronavirus, je m'engage à reverser tous mes droits d'auteur à l'association Médecins Sans Frontières. Mon éditeur, Beta publisher, reversera lui aussi la moitié de ses bénéfices à l'association.
Il paraît que S.A.R.R.A. pourait être adapté à la télévision. Où en est le projet ?
Nous réflechissons effectivemment à l'adaptation en série des deux tomes. Avec Pictanovo (qui soutient les projets en images dans les Hauts-de-France, NDLR), et Alandra Films la boîte de production, nous cherchons un diffuseur. La série comprendrait 10 épisodes de 52 minutes chacun. Si elle se concrétise, elle sera obligatoirement tournée dans la région.
S.A.R.R.A., Une conscience artificielle est paru en mars 2020 chez Beta Publisher. 300 pages, 14 euros.
Qui est David Gruson ?
À 40 ans, David Gruson est directeur du programme santé du groupe Jouve, spécialisé sur la transformation digitale. Ancien élève de l'ENA et de l'école des hautes études en santé publique, l'Arrageois a exercé plusieurs postes à responsabilité dans les domaines des politiques publiques et de la santé.David Gruson a notamment été conseiller du Premier ministre chargé de la santé et de l’autonomie entre 2010 et 2012. Ensuite, il a dirigé pendant 4 ans le CHU de La Réunion. Il est Professeur à la Chaire santé de Sciences Po Paris. Ses propositions sur l’intelligence artificielle (IA) en santé ont inspiré le volet IA de la dernière loi de bioéthique.