Clap de fin pour le 24e festival du film d'Arras qui accueillait Dominique Blanc comme invitée d'honneur. Première comédienne française à être inscrite au programme du baccalauréat, pour l'option théâtre dès 2024, Dominique Blanc revient sur son rôle dans "Qui peut aimer Mathilde ?" tourné en 1993 à Armentières et sur son rapport au métier d'actrice.
Vous venez de publier l'ouvrage Chantiers, je aux éditions Acte Sud, qui aborde la notion centrale du rapport entre l'identité de l'acteur et son rôle. Est-ce qu'en vous racontant sur scène ou au cinéma, vous apprenez encore des choses sur vous-même ?
"J'espère bien ! (rires) L'intérêt de ce métier que j'aime passionnément, c'est que chaque personnage vous apprend quelque chose sur vous-même que vous ne soupçonniez pas, que vous ne connaissiez pas. Et ça peut être le réalisateur qui le révèle ou le scénario, ou les partenaires, mais ça finit toujours par arriver... Et c'est magique, c'est merveilleux."
Quand vous étiez enfant, vous vouliez devenir quoi plus tard ?
"Pompier, ce qui aujourd'hui aurait pu être utile. Ou motard... J'avais déjà le goût du costume."
Et quand vos parents ont su que vous souhaitiez devenir comédienne, comment ont-ils réagi ?
"Ça a été dramatique, mon père n'a pas aimé du tout. Il m'a dit « si tu veux faire ça, tu peux prendre la porte ». En fait pendant très longtemps ils ont été très inquiets. Ils avaient peur - comme tous les parents, mais certainement plus encore à l'époque - que ça ne marche pas et que je me retrouve dans la précarité."
"Je pense que la confiance en moi est un travail encore très quotidien."
Dominique Blanc, comédienne
D'où tenez-vous votre énergie, qu'est-ce qui vous a empêché de renoncer à votre métier de rêve ?
"Quand j'étais petite à Lyon, j'avais la chance d'aller beaucoup au théâtre avec mon lycée. J'ai vu pas mal de spectacles. Un en particulier m'a donné l'impression qu'on était tellement plus heureux quand on est sur scène que dans la vie. Et c'est exactement ce que j'ai ressenti quand j'ai pris des cours d'art dramatique. Donc je me suis cramponnée à ça."
Et entre la scène et la caméra, quand êtes-vous la plus heureuse ?
"Les deux mon général ! Ce que j'aime c'est le plateau, un plateau de cinéma comme de théâtre. C'est là que je suis la plus heureuse et je ne veux pas choisir."
À quel moment avez-vous réussi à prendre de l'assurance ?
"L'année prochaine ? (rires). Je pense que la confiance en moi est un travail encore très quotidien. Par contre je peux jouer un rôle qui a beaucoup d'assurance sans problème."
"Quand la chance est passée je ne l'ai pas regardée... Je me suis jetée dessus."
Dominique Blanc, comédienne
Diriez-vous que dans les rencontres que vous avez faites au cours de votre carrière il y avait une part de hasard, ou que vous êtes allée chercher votre chance ?
"Je dirais que la chance est passée, mais que, quand elle est passée je ne l'ai pas regardée... Je me suis jetée dessus. Parce que j'ai rencontré des cinéastes exceptionnels et que j'ai profité au maximum de notre collaboration. J'ai essayé de ne pas les perdre. J'ai senti qu'humainement le métier allait m'agrandir. J'avais voulu devenir psychiatre ou architecte, finalement je suis comédienne. Et pour moi c'est le plus beau métier du monde."
Il y a 20 ans le film Faut-il aimer Mathilde ? d'Edwin Baily, dans lequel vous tenez le rôle principal, sortait en salles. Quelles impressions avez-vous gardées du tournage, qui s'était déroulé à Armentières ?
"Quel grand souvenir. J'arrivais dans le Nord pour la première fois et j'étais très inquiète : je me disais « oh la la il va faire gris, il va faire noir, les gens sont tristes... » Et c'était tout le contraire évidemment. J'ai rencontré des gens merveilleux, c'est l'un des plus beaux tournages que j'ai fait. D'ailleurs Edwin Baily rêve de tourner la suite de ce film avec les mêmes comédiens et je le poursuis dans cet objectif. Ce rêve est tellement joli qu'il faut qu'il s'accomplisse."
"Je crois qu'il n'y a que dans le Nord et dans le cinéma britannique que l'on rencontre des gens comme ça, des gens vrais."
Dominique Blanc, comédienne
Qu'est-ce que ce film avait de si particulier ?
"C'était un film merveilleusement bien fait sur l'humain. Il raconte une jeune femme du Nord qui travaille dans une usine et dont la vie va basculer. Je crois qu'il n'y a que dans le Nord et dans le cinéma britannique que l'on rencontre des gens comme ça, des gens vrais."