Une histoire rocambolesque qui a pris fin la semaine dernière au tribunal d'Arras.
Sur les réseaux sociaux, il appelait ça "La cavale du siècle". Elle s'est arrêtée il y a un mois dans un Mc Do en Chine. L'histoire de Karl Consil est digne d'une série policière. Entre drogue, boxe, prison et réinsertion.
Tout commence en 2008. Karl Consil, originaire d'Ully-Saint-Georges dans l'Oise, est condamné à cinq ans de prison pour une affaire de stupéfiants, de vol et de séquestration. Il est incarcéré à la prison de Bapaume.
Le 11 décembre 2012, il bénéficie d'une permission (pour préparer sa sortie) et en profite pour s'évader. « J’ai eu peur de moi-même, avec des mauvais plans en tête…expliquait-il au tribunal d'Arras la semaine dernière (audience rapportée par La Voix du Nord). J’ai pris la décision de m’exiler à l’autre bout du monde. »
Des amis lui donnent 2000 euros et le jeune homme, originaire de l'Oise, file à Amsterdam d'où il réussit à s'envoler pour l'Asie. C'est à ce moment que démarre une nouvelle vie.
Il décide de se lancer dans la boxe en Thaïlande sous le prénom de Wesson. Les débuts sont difficiles. Il survit puis se fait repérer par un manager américain qui va profiter de de sa fragilité (il pouvait dénoncer à tout moment sa situation illégale) et ses gains. « Il pouvait être rémunéré jusqu’à 1000 dollars par combat », explique son manager « Quand il débarque à Bangkok, il ne connaît personne, ne parle pas anglais, n’a plus que 200 euros en poche et ne sait pas boxer », explique maître Alex Ursulet, son avocat.
Karl/Wesson Consil se détache de son emprise et s’envole pour la Chine où il enchaîne les combats.
Il devient ensuite entraîneur de boxe dans un village chinois, toujours sans aucun papier. "La cavale du siècle est devenu #LaReinsertionDuSiecle avec la boxe pour thérapie !, écrit-il sur son profil Facebook. J'ai vécu 6 ans libre parmi les gens libres ,et j'ai mesuré à quel point la liberté n'a pas de prix !". « Karl a trouvé son équilibre dans cette nouvelle vie », explique son avocat, lui-même adepte de boxe thaïlandaise.
« Pendant toutes ces années, je me demandais souvent ce qu’il devenait. Il ne nous a pas appelés, je pense qu’il voulait rester discret», raconte son père au Parisien.
Mais sa cavale s'arrête fin 2018. Il est arrêté par la police chinoise et contrôlé positif au cannabis. Il n'a pas de visa. Son passé le rattrape. La Chine le livre à la France. Retour à la case départ.
"Il n'y a aucune gloire à avoir"
Au tribunal correctionnel d'Arras la semaine dernière, Karl Consil, 33 ans, raconte son histoire rocambolesque. "Il n’y a aucune gloire à avoir, lui répond la procureure. Ce parcours démontre votre capacité à se débrouiller, à être performant, mais c’est ici qu’il fallait le faire."
Les juges le condamnent à un an de prison pour son évasion. "Une peine clémente parce que les juges ont compris que c'était un chemin assez particulier", selon son avocat. "Je prends ce temps d'arrêt forcé du bon côté, je vais déjà me reposer et prendre le temps d'écrire et de recadrer les projets, puis m'entraîner car un phœnix ne meurt jamais !", écrit sur Facebook celui qui devrait rester 6 mois en prison.
"C'est une victoire contre la haine"
Il dit également avoir pour projet la création d'une école de boxe en Martinique, la terre de ses racines. Une cagnotte Leetchi a même été créée pour l'aider. Emprisonné à Arras, il pratique la boxe en prison et espère pouvoir participer à des combats de boxe thaï en France dès sa sortie.
"Même si cette évasion n'est pas un exemple, le principe de l'auto-réinsertion est remarquable, résume son avocat. Il aurait pu virer très mal, mal profiter de cette liberté. Il s'est au contraire mis sur un chemin de rédemption. C'est une belle histoire. C'est une victoire contre la haine. C'est désormais un homme sans haine. La haine a été diluée dans les multiples épreuves."