Depuis la tornade qui a rasé une centaine de maisons à Bihucourt, dans le Pas-de-Calais, les habitants attendent de pouvoir réintégrer leur logement. Mais après un an de travaux, la plupart des maisons ne sont pas encore prêtes à loger leurs propriétaires. Face aux assurances, la course contre la montre est lancée.
En arrivant à Bihucourt, petite commune située près de Bapaume dans le Pas-de-Calais, on pourrait croire que la ville est inhabitée. Pour cause : une dizaine de maisons sont dépourvues de toitures, de fenêtres, de portes... Et certaines tombent même en ruine. Ces stigmates, encore douloureux pour la plupart des habitants, ont été laissés par la tornade qui a rasé une partie du village le 23 octobre 2022, il y a un an presque jour pour jour.
Des rafales à 150 km/h
La tornade est apparue sans prévenir. Et s'en est allée aussi vite. En moins de 30 secondes, des rafales à 150 km/h se sont déchaînées dans le village. "En l'espace d'une ou deux minutes c'était fini", se souvient cette habitante de Bihucourt. "Depuis 15 ans qu'on habite ici, on n'avait jamais vu ça. Je n'ai jamais eu aussi peur."
Aucune victime n'est à déplorer, mais il n'en va pas de même pour les maisons et infrastructures de la ville : le toit de l'église a été partiellement arraché et une centaine de maisons ont été rasées, soit les 2/3 de la commune. Un an plus tard, 38 foyers ont pu être relogés, les autres attendent encore de rentrer chez eux.
Des travaux à retardement
Dans sa polaire bleu turquoise, Michèle frissonne face à l'état de sa maison. En pénétrant dans la bicoque, elle lâche un soupir : là elle se souvient d'un bureau, d'un cagibi, d'une cuisine... "Ça, ce n'est pas chez moi". La maison de Michèle a déjà été en partie rebâtie par les maîtres d'œuvre. La toiture a été achevée, mais l'habitante déplore un retard dans les travaux depuis le début de l'été : "Ils ont démarré très vite, on a eu des gens compétents. Mais depuis la mi-août pratiquement personne ne vient. Ça fait trois semaines qu'on a demandé aux ouvriers de venir mais ils se renvoient la balle et repoussent l'échéance."
Une situation difficile à vivre pour Michèle, "usée moralement." "Passé l'acceptation de ce qu'on a perdu on n'arrive pas à avancer, parce que ça ne bouge pas."
Des assurances qui arrivent à échéance
Pour certains logements, les travaux devront encore durer plusieurs mois, voire une année entière. Mais avec le retard des travaux, se pose un nouveau problème : la question du relogement et de son financement par les assurances. Car la plupart des contrats d'assurance des habitants de Bihucourt arrivent à terme. La prise en charge financière de leur relogement ne sera donc plus assurée, et les sinistrés vont devoir commencer à payer eux-mêmes leur logement de substitution.
Un autre coup au moral pour les victimes de la tornade, qui n'ont pas encore fait le deuil de l'évènement selon Serge Lefran, président de l'association des victimes de la tornade. "On croise encore des personnes fragiles, sensibles, qui ne connaissent pas trop leur avenir au niveau de l'hébergement. Avec le temps ça s'améliore mais quand ils se rendent compte qu'on est sur des délais de 6 mois voire un an pour achever les travaux de leur maison, c'est lassant. On aimerait tourner la page."