PORTRAIT. Qui est Eléonore Laloux, ambassadrice de la nouvelle Barbie porteuse de trisomie 21 et conseillère municipale d’Arras ?

La jeune femme de 37 ans, conseillère municipale d'Arras porteuse de trisomie 21, mène un combat de visibilité et d'inclusion depuis plus de quinze ans.

Lorsqu’elle a reçu sa poupée Barbie dans le carton d'origine ce mercredi 26 avril 2023, impossible pour Eléonore Laloux de retenir son émotion.

"Ça fait du bien, elle est super belle… s'est esclaffée la jeune femme de 37 ans. Je suis émue et fière, tellement fière de représenter les personnes qui sont en situation de handicap et fière que cette Barbie représente la trisomie 21. C’était mon plus grand souhait. Avant de résumer, dans un sourire. Elle est coquette comme moi".

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Eléonore Laloux reçoit une poupée Barbie porteuse de Trisomie 21, ce mercredi 26 avril 2023, chez elle à Arras. ©FTV

Coquette, l’Arrageoise l’a toujours été. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé la marque internationale Mattel à la sélectionner pour devenir l’une des trois ambassadrices de cette nouvelle poupée. A ses côtés, la mannequin britannique Ellie Goldstein et l’influenceuse néerlandaise Enya, toutes deux également porteuses de trisomie 21.

Une "grande" fierté, confie l’intéressée. "Je fais tout pour donner de l’espoir aux parents qui attendent un enfant porteur de trisomie 21".

Portrait d’une femme engagée

Ce n’est pas la première fois que la jeune femme est sous le feu des projecteurs. Née à Arras dans le Pas-de-Calais en août 1985, elle occupe les panneaux publicitaires JC Decaux de la ville quatre années plus tard.

En 2010, une équipe de France 3 Nord Pas-de-Calais la rencontre à son travail, au service facturation d’une clinique privée de la ville.

Portrait d'Eléonore Laloux réalisé par France 3 Nord Pas-de-Calais en 2010 ©Emmanuel Magdeleine et Sergio Rosenstrauch / FTV

La jeune femme de 24 ans, très minutieuse, est parfaitement intégrée dans l’équipe et très appréciée de ses collègues. "On dit  toujours que c’est notre rayon de  soleil, expliquait alors Isabelle Caron, installée sur le bureau voisin. Elle a toujours le sourire, elle est toujours de bonne humeur. Elle a des qualités humaines qui sont exceptionnelles".

Exceptionnelle, c’est pourtant tout ce qu’Eléonore ne veut pas être. Elle l’explique dans les médias régionaux et nationaux, martèle sans cesse le même message : "Vivre avec la trisomie, ça ne me gêne pas. Je me sens comme les autres".

L’Arrageoise publie sa biographie en mars 2014 : Triso et Alors ! L’un des chapitres intitulé Je ne suis pas un poison, fait référence à des propos tenus par Jean-Didier Vincent sur France Inter, deux ans plus tôt. Le neurobiologiste avait alors déclaré : "Pourquoi faut-il conserver les trisomiques qui sont quand même un poison dans une famille ?"

En 2020, elle apparait aux côtés de 5 autres adultes trisomiques dans le documentaire J'irai décrocher la lune de Laurent Boileau. Elle y raconte comment elle vit comme n'importe qui et comment elle a réussi à s'intégrer dans la société.

Une intégration réussie illustrée la même année lorsque la jeune femme se présente aux élections municipales à Arras sur la liste du maire centriste sortant, Frédéric Leturque. En position éligible, elle est élue et se voit confier un portefeuille comprenant les questions d’inclusion et de bonheur.

Eléonore Laloux devient ainsi la première conseillère municipale porteuse de trisomie 21 avant d'être décorée des insignes de chevalier de l’Ordre national du mérite.

Parmi les projets qu'elle a déjà réalisés, l'installation de feux de signalisation avec décompte, l'accrochage de 40 plaques de rues placées à 1m20 de hauteur ou encore la création de l'incluthon, un événement festif pour rassembler des personnes porteuses d'un handicap et des valides.

"Les enfants vont toucher la différence"

Visibiliser sa trisomie, pour porte un message d'inclusion et de tolérance... c'est ce qui a convaincu Eléonore Laloux de se lancer dans ce défi aujoud'hui.

Cette nouvelle Barbie s’inscrit dans les valeurs d’inclusion affichées par la marque, comme l’explique la responsable mondiale des poupées pour le groupe Mattel. "Notre objectif est de permettre à tous les enfants de se reconnaître en Barbie, tout en les encourageant à jouer avec des poupées qui ne leur ressemblent pas, explique Lisa McKnight. Jouer avec une poupée qui ne fait pas partie du quotidien de l’enfant peut développer sa compréhension de la différence et son sens de l’empathie, contribuant ainsi à un monde plus tolérant".

Un avis partagé par l'Arrageoise. "C’est des enfants qui vont manipuler une poupée différente, qui vont toucher la différence. Et je pense que ça va ouvrir leur regard".

C’est des enfants qui vont manipuler une poupée différente, qui vont toucher la différence.

Eléonore Laloux, ambassadrice de la poupée Barbie porteuse de trisomie 21

La marque a travaillé avec la NDDC – National Down Syndrome Society – une organisation américaine qui lutte notamment pour des changements politiques dans l’accompagnement des personnes porteuses de trisomie 21. Ainsi, la poupée présente une plus petite taille et un buste plus allongé. Ses oreilles sont plus petites tandis que ses yeux en amande sont légèrement inclinés. La robe, jaune et bleue, correspond aux couleurs associées à la sensibilisation liée à la trisomie 21. Enfin, les chaussures à talon ont été remplacées par des baskets à fermeture éclair.

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Eléonore Laloux décrit la poupée Barbie porteuse de Trisomie 21 ©FTV

Interrogée, Eléonore Laloux confirme que sa conception reflète la réalité. "Elle me ressemble, elle est belle, sourit-elle. Mais il y a trois points de différence entre elle et moi : elle a un nez plat, elle porte des orthèses et elle, elle a quelques cheveux blancs". 

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