La baisse des dons est un phénomène courant dans le Nord et le Pas-de-Calais durant la période estivale. Mais cet été 2024 enregistre des chiffres particulièrement bas. Nathalie Brasseur, médecin responsable des prélèvements dans le bassin arrageois nous éclaire sur cette inquiétante baisse des stocks.
A la maison du don d'Arras le constat est sans appel : les fauteuils sont vides. Les donneurs de sang et de plasma ne sont pas au rendez-vous en cette période estivale. Ils se font même désirer.
Si une baisse d'activité est prévisible dans le nord de la France l'été, les stocks sont anormalement bas en cette saison estivale 2024. La situation inquiète partculièrement Nathalie Brasseur, médecin responsable des prélèvements dans le bassin arrageois de l'Établissement Français du Sang (EFS). "En don de sang, sur plus de 70 possibilités de rendez-vous, seulement 19 sont pris. Nous sommes à la recherche de nos donneurs" regrette-t-elle.
Alors qu'il manque près de 12 000 poches de sang dans les stocks de l'EFS, nous l'avons interrogée pour comprendre l'ampleur du phénomène.
Comment expliquer cette tendance ?
Nathalie Brasseur (NB) : "On a une baisse de fréquentation depuis le mois de juin, particulièrement accentuée dans le bassin arrageois. Nos donneurs habituels sont peut-être en vacances, mais le phénomène est particulier. Nous avons très peu de nouveaux donneurs.
Au niveau de la fréquentation habituelle on tourne au niveau des collectes mobiles du Pas-de-Calais à 75% de notre activité. En maison du don c'est bien pire. Par exemple aujourd'hui on a 46 possibilités de rendez-vous pour les dons de plasma, seuls 20 rendez-vous sont pris."
Est-ce propre à Arras ?
NB : "Au niveau national, on sait déjà que les stocks sont un peu plus faibles que ce qui était prévu. On a 93 000 poches de sang en stock, il nous en manque environ 12 000 sur la région HFNO [Hauts-de-France Normandie].
En période estivale, c'est toujours un petit peu plus difficile, les habitués sont en vacances, ils vont différer leur don. Mais cet été c'est particulièrement compliqué. Depuis la journée mondiale des donneurs de sang le 14 juin, dès le 15 nous avons remarqué une baisse d'activité. Peut être que les gens de la régions avaient d'autres centres d'intérêt : le passage de la flamme olympique, le Main Square Festival...
On voit que nous avons une baisse de fréquentation, on a du mal à l'expliquer et sur Arras elle est assez sévère."
Pourquoi est-ce inquiétant ?
NB : "Actuellement, la maison du don est en perte de vitesse, il y a de gros besoins pour les malades. Les patients ont besoin de produits sanguins même en été.
L'inquiétude est liée au fait que les Jeux olympiques qui se déroulent en France. Nous savons qu'en Île-de-France se sera peut-être plus compliqué de prélever puisqu'on ne se dépace pas aussi facilement en raison des contraintes liées aux Jeux olympiques. (...) En région on s'attendait à pouvoir compenser les difficultés de l'Île-de-France."