PORTRAIT. Dans la boutique-atelier de Dominique, cerf-voliste, fabricant, réparateur et "grand enfant"

Chaque année, les Rencontres Internationales de Cerfs-Volants de Berck-sur-Mer offrent à Dominique Miquet et son épouse un pic d'activité. Ce passionné fabrique, répare et transmet son amour du cerf-volant depuis la Côte d'Opale, où il a lancé son magasin en 1995.

Plus de trente ans qu’il fait danser des toiles dans le vent. Encore aujourd’hui, une sortie à Stella-Plage, dans la pluie et les bourrasques, réveille chez Dominique Miquet le sentiment d’"être libre". Une sensation découverte sur la côte boulonnaise, à proximité de la maison de son grand-père, puis nourrie quotidiennement après l’achat d’un cerf-volant à 18 ans et la participation aux premières compétitions.

C’est devenu une passion. Je ne pouvais pas faire une journée sans avoir une heure de vol de cerf-volant. J’en achetais de plus en plus. Un jour, je me suis dit : "On va franchir le pas."

Dominique Miquet, cerf-voliste

Car à 52 ans, le passionné a lâché du lest et ne pratique plus qu’en amateur, quand le travail le lui permet. Un tribut aisé à payer, concède-t-il. Dans sa boutique-atelier de Parenty (Pas-de-Calais), cernée de girouettes et de moulins à vent, le voilà qui se met aux service d’autres cerfs-volistes, novices et aguerris. Depuis 1995, établi avec sa femme Frédérique, il vend, conçoit, répare et provisionne les engins qui planeront aux quatre coins de la France.

Trous dans la toile, pièces perdues ou cassées, brides distendues : entre les travées remplies de caisses de pièces détachées, Dominique Miquet se penche au chevet des cerfs-volants abîmés dans l’action. Ce jeudi 11 avril, c’est une baguette carbone brisée qui nécessite d’être remplacée. "Quand j’ai débuté, comme tout le monde, j’ai eu de la casse, sourit-il. Les grands champions cassent encore. Ça fait partie de l’activité, comme tout sport."

Créations et initiations

Pratiqué dès l’antiquité, le cerf-volant aurait donc toujours le vent en poupe : "On a tous les jours des nouveaux clients, assure le professionnel. On voit aussi bien des jeunes que des adultes. Mais on ne va pas se le cacher : la moyenne d’âge de ma clientèle, c’est 40 à 70 ans !" "De grands enfants, comme moi", ce qui ne l’empêche pas de transmettre aux plus jeunes via des ateliers de créations et des cours de pilotage.

Mais depuis les années 2000, la boutique s’est surtout développée grâce à la vente en ligne qui représente aujourd’hui une grande majorité de son activité. Essentiellement des pièces détachées que les clients – de Normandie, de l’Est, de région parisienne notamment – monteront eux-mêmes. Ainsi cette commande qui sera expédiée en Seine-et-Marne : tissu fuchsia, baguettes et fixations. "C’est un client habitué depuis de nombreuses années à la boutique, c’est sûrement pour fabriquer un cerf-volant", diagnostique le gérant.

À l’approche des 36e Rencontres Internationales des Cerfs-Volants, qui débuteront ce 15 avril à Berck-sur-Mer, les commandes affluent : "Pour beaucoup de cerfs-volistes, c’est la grande messe du début d’année. On va faire voler ses créations d’hiver ce jour-là." Lui aussi, c’est une certitude, sera de passage. En spectateur, cette fois.