"La rêverie du poète, l’inspiration du peintre", une exposition qui met pour la première fois en lumière le travail méconnu de l’artiste Eugène Trigoulet, né en 1864 à Paris et mort à Berck en 1910.
C’est en 1898 qu'Eugène Trigoulet se rend à Berck pour des raisons de santé. Le peintre y développera sa principale source d’inspiration jusqu’à sa mort en 1910, la peinture marine. À l’occasion du 110éme anniversaire de sa disparition, le musée a réuni 80 de ses tableaux.
Graveur, peintre et caricaturiste
Capté par l'indescriptible lumière changeante de la côte d'Opale, il pose son chevalet sur le sable et s'attarde sur les métiers de la plage, fasciné par le travail des femmes. Celui qui fut durant 25 ans professeur de dessin aux écoles de la ville de Paris, est déjà un artiste complet à son arrivée à Berck."Eugène Trigoulet manie aussi bien la peinture, que le dessin. Il a été illustrateur pour Les naufragés de la Djumna d’Émilio Salgari. Et puis surtout, il est graveur et caricaturiste. D'ailleurs son penchant de caricaturiste s'exprime aussi bien dans ses dessins que dans ses tableaux", explique Yannick Courbès, conservateur du musée.
Un artiste très discret de l'école de Berck
Expérimentant une chromatique restreinte, parfois réduite à un camaïeu de beige, il anime ses toiles de simples traits et de gestes très nerveux : "C'est un artiste qui travaille plus dans la suggestion, moins dans le détail. Un travail sur la couleur où tout n'est que lumière, les couleurs vont s'emboiter, se confronter. Les couleurs chaudes et les couleurs froides. Tout n'est que suggestion. Et c'est cet attrait pour la lumière, si particulière, sur le corps qu'il va montrer et développer."Un regard sur la marine berckoise aussi, mais contrairement à ses pairs très attachés à une approche réaliste voire naturaliste, lui, exacerbe les traits " c'est un artiste peu connu, car peu inscrit dans la bonne société de l'époque. Trés discret, il travaillait seul et en même temps avait aussi de nombreux amis orientalistes, mais pas dans la haute société. Un artiste à part, un peu singulier " précise Yannick Courbès.
Il était le plus discret et le plus audacieux de ceux qu'on appelle " l'école de Berck ". Ce groupe d’artistes qui, quatre ans après le passage de Manet à Berck en 1873, se constitue sur la plage pour peindre en plein air à la veille de la Première Guerre mondiale. Ludovic-Napoléon Lepic, Francis Tattegrain, Lavezzari, Roussel, Chambo... Tous épris de la mer, navigateurs eux-mêmes ou simples observateurs.
Berck-sur-Mer devient vite un lieu de villégiature balnéaire incontournable, fréquenté par la gentry. Une station de bord de mer rendue facile d’accès par la ligne de chemin de fer reliant Paris à Calais. Des artistes attirés aussi par la notoriété médicale unique en France du docteur Calot. Le musée de la ville, rassemble aujourd’hui plus de 2 000 œuvres ainsi qu’un important fonds d’archives.
Eugène Trigoulet est mort prématurément à Berck à 46 ans.
À découvrir ou redécouvrir à travers 80 tableaux jusqu'au 31 janvier.