Quatre mois de prison avec sursis : c'est ce qu'a requis le Parquet ce lundi à l'encontre du père du petit Hamza, poursuivi pour avoir soustrait son fils de chez son assistante maternelle à Fouquières-lès-Lens. L'alerte enlèvement avait été déclenchée.
"Mon fils m'a appelé, il me disait je vais fuguer, j'ai peur, et moi, à ce moment-là, j'ai imaginé le pire. Mon seul objectif c'était de le savoir en sécurité", s'est défendu à la barre ce lundi le père du petit Hamza, poursuivi pour "soustraction d'enfant par ascendant des mains de la personne chargée de sa garde" entraînant le déclenchement de l'alerte enlèvement.
Une alerte enlèvement injustifiée ?
Le 18 décembre dernier, l'alerte enlèvement est déclenchée peu avant six heures avant d'être levée moins de cinq heures plus tard. Elle concerne un garçon de 12 ans, Hamza "enlevé vendredi soir à Fouquières-lès-Lens, dans le Pas-de-Calais". L'enfant est retrouvé en milieu de matinée, vers 10 heures à Sallaumines chez sa tante. Son père est alors placé en garde à vue. Il est soupçonné de l’avoir kidnappé et de vouloir quitter le territoire national français avec lui.
Mais selon l'enquête, plusieurs erreurs ont été commises lors des premières investigations. Le 17 décembre, Halim B. s'était présenté chez l'assistante maternelle où était placé son fils dans le cadre d'une séparation conflictuelle pour l'emmener. Le prévenu avait téléphoné à deux reprises au commissariat peu après les faits et prévenu l'éducatrice. L’homme avait même déposé une main courante, indiquant précisément où Hamza se trouvait le soir même des faits.
Quatre mois avec sursis requis
La procureure Virginie Valton a reconnu lundi que l'alerte enlèvement avait été déclenchée "à partir d'éléments parcellaires dont le parquet disposait, il y avait des points dont je n'étais pas informée, dont le dépôt de la main courante, quand j'ai pris cette décision", a-t-elle indiqué, mais "si c'était à refaire, je la relancerais".
Pour l'avocat d'Halim B, Maître Damien Legrand, l'alerte enlèvement n'aurait jamais dû être déclenchée par la procureure de la république de Béthune.
"On occulte ici la réalité du dossier pour masquer les dysfonctionnements au niveau du déclenchement de l'alerte enlèvement", confie-t-il. "Qu'aurait dû faire cet homme ? Abandonner son fils alors qu'il le suppliait de venir le chercher et qu'il voulait fuguer ? S'il s'était retrouvé seul dans la rue, s'il avait rencontré un prédateur ou eu un accident ? Ce serait retombé sur le père", continue-t-il. "Ici, le père et l'enfant sont des victimes".
Un père qui ne respecte pas les décisions de justice
En août 2021, Halim B. avait tenté d'embarquer avec son fils pour les Emirats Arabes Unis, où la famille avait vécu par le passé et où le père d'Hamza s'était à nouveau établi. La mère s'était opposée à la sortie du territoire de son fils et le départ avait été empêché par les autorités belges.
Un mois après, Hamil B. n'avait pas remis l'enfant à sa mère à l'issue d'un droit de visite. Il avait reconnu auprès des policiers l'avoir gardé malgré les dispositions prévues à la convention de divorce, mais il avait refusé d'ouvrir aux forces de l'ordre qui s'étaient déplacées sur son lieu de résidence.
Des faits que le parquet a rappelé hier lors du procès de Halim B. Le tribunal correctionnel de Béthune rendra sa décision vendredi à 8H30.