Dans le Pas-de-Calais, plusieurs villes ont décidé, ces derniers mois, d'équiper leurs policiers municipaux d'armes à feu, y compris des communes de moins de 10 000 habitants. Les maires souhaitent ainsi répondre à une double demande de sécurité : celle de leurs habitants comme celle de leurs agents.
À Audruicq (Pas-de-Calais), depuis un mois, un policier municipal de la ville dispose d'une arme à feu. Yann Létendart est le premier agent de son service à être formé et équipé. Ses deux autres collègues le seront prochainement.
Selon eux, avec cet armement, les regards changent sur la police municipale. "Les remarques sont plutôt positives, même si certains parlent de nous en disant 'les cow-boys' du coup". Son collègue explique qu'être "devant les écoles en urgence attentat, sans rien pour se défendre" n'était pas "rassurant". Dans cette ville d'à peine 5 500 habitants, leur mission n'a pas changé pour autant. Le mot d'ordre reste la proximité, comme ici aux côtés des commerçants, dont certains estiment plutôt "rassurant" également de les voir ainsi (bientôt) armés.
À Audruicq pourtant, pas de gros problèmes de délinquance : ce sont surtout les incivilités qui agacent les habitants. Le maire en tout cas a décidé de mettre le paquet pour sa police municipale : armement, nouveaux véhicules et vidéoprotection.
Olivier Planque, maire (LR) d'Audruicq explique : "On avait une petite délinquance. On a malheureusement partout dans nos communes des trafics de stupéfiants qui se mettent en place. Le dispositif va faire que certains ne viendront plus dans la commune".
Yann Létendart, lui, part du principe que son premier travail est de rentrer en vie à la maison et que l'armement va l'y aider. D'autre part, en zone rurale, il estime que le danger peut aussi venir d'un père de famille, pas forcément mauvais bougre, qui vient de recevoir sa lettre de licenciement et qui a un fusil dans le coffre...
Sur la côte, une autre ville a franchi le cap il y a an. Les huit policiers municipaux de Wimereux ont désormais l'habitude de patrouiller un pistolet à la ceinture.
Christelle Jennequin, brigadier de la police municipale de Wimereux assure que "Non, je n'ai jamais eu besoin de m'en servir, et on ne souhaite pas s'en servir bien évidemment. Mais on a eu quelques contrôles routiers risquant de dégénérer. À ce moment-là, une main sur l'arme et tout le monde reste tranquille".
Jean-Luc Dubaële, maire (SE) de Wimereux explique que la station balnéaire compte 6 600 habitants mais que l'été cette population quadruple. "Avec tout ce qu'il se passe au niveau de la drogue mais aussi avec le problème migratoire. C'était important que la population se sente en sécurité et que mes agents puissent aussi réagir. Aujourd'hui, les passeurs qui sont sur le territoire sont armés et prêts à tout".
En fin d'année dernière, la mairie de Béthune a organisé une consultation pour doter d'armes létales sa police municipale, équipée jusqu'ici de pistolets à impulsion électrique. Le "oui" l'a emporté à 55% mais la question continue de diviser d'après les témoignages recueillis dans la vidéo ci-dessus.
Le maire UDI, Olivier Gacquerre, a suivi le résultat de la consultation : 23 policiers municipaux seront donc formés. "La première année c'est à peu près 90 000 euros, puisqu'il y a le matériel à acheter mais aussi la formation qui se poursuit ensuite deux fois par an et l'entraînement : 50 cartouches à tirer chaque année".
La police municipale de Béthune devrait recevoir ses armes à feu au second semestre 2024.
Avec, Yann Fossurrier et Sergio Rosenstrauch, FranceTélévisions.