Une hasse sensible par rapport à janvier, où 70 059 personnes étaient incarcérées pour 60 882 places opérationnelles. Sur l'ensemble du parc pénitentiaire français, soit 188 établissements, la densité carcérale s'établit à 116%.
Les maisons d'arrêt particulièrement concernées
Comme les mois précédents, près du tiers des personnes incarcérées (20.776) sont des prévenus détenus (présumées innocentes) dans l'attente de leur jugement : d'où des chiffres qui grippent dans les maisons d'arrêt.
Ces établissements, qui accueillent les courtes peines ou les personnes en attente de jugement, sont les plus tendus : 135,8% d'occupation en moyenne, et jusqu'à plus de 200% à Nîmes et Béthune.
De lourdes conséquences sur les détenus et les gardiens
La surpopulation mène à une dégradation des conditions de vie en prison : en janvier 2018, 1.389 détenus dorment sur un matelas au sol. Le manque d'hygiène et d'intimité sont aussi pointés du doigt. Le principe "un détenu, une cellule" est pourtant inscrit dans la loi française depuis 1875. Ces conditions de détentions vont parfois à l'encontre de la dignité humaine, telle que définie par la Cour européenne des droits de l'Homme.
Autre conséquence à la surpopulation carcérale : le manque d'encadrement. Le nombre de gardiens n'est plus suffisant, et la tension monte dans les prisons. En octobre dernier, 3 détenus avaient ainsi échappé à la vigileance des agents pénitentiaires et avaient été retrouvés pendus dans leur cellule en une semaine.
Les surveillants et syndicats avaient alors dénoncé leur surchage de travail, se retrouvant à devoir gérer deux fois le nombre de détenus qu'ils devraient. Et le problème n'est pas récent : en 2014 déjà, des mobilisations inter-syndicales tentaient de faire entendre la voix des agents pénitentiaires.
Vers une solution ?
Pour lutter contre cette surpopulation, le gouvernement a annoncé la création de 7.000 places de prison d'ici à la fin du quinquennat, parallèlementà une redéfinition de l'échelle des peines.
La réforme de la justice adoptée à l'Assemblée et au Sénat mi-février prévoit de proscrire l'emprisonnement pour les très courtes peines, l'application des peines d'emprisonnement de plus d'un an et des alternatives en milieu ouvert. Le texte, très controversé, n'est pas encore entré en vigueur, il est actuellement en attente de validation par le Conseil constitutionnel.