Blériot-Plage : un été de plus pour les chalets menacés avec vue sur mer

Les propriétaires des chalets de Blériot peuvent souffler pour encore quelques mois. La démolition d’une grande partie des constructions a encore une fois été décalée. Un sursis estival donc, pour profiter des petites cabanes à la vue imprenable.

Revirement de situation dans une affaire qui a déjà fait couler beaucoup d’encre dans le Pas-de-Calais. Alors que la mairie avait lancé l’appel d’offres pour la démolition d’une partie des chalets de Blériot, l’amiante s’est immiscée dans cette saga. « Un diagnostic amiante doit être fait par nos soins avant de mandater une entreprise pour la destruction », explique Pascal Dubus, adjoint au maire de Sangatte Blériot-Plage. En charge des questions liées à l’environnement et au tourisme, l’élu connaît bien le dossier. Ce contretemps lié au bilan amiante va retarder la démolition des chalets à l’automne prochain car, « on n’enlève pas des chalets pendant l’été », se justifie Pascal Dubus.  

Un sursis estival qui laisse aux propriétaires concernés quelques mois pour dire adieu à leurs petites cabanes de plage. Ce sont 180 chalets sur 226 concernés par cette future démolition, voulue par la Loi Littoral de 2006. Ces propriétaires ont signé une convention proposée par l’Etat, incluant une démolition sans frais et la possibilité de louer des futures cabanes à la saison. D’autres propriétaires possèdent des chalets démontables, déjà aux normes. Ils ne sont donc pas concernés par cette convention. Enfin, quelques irréductibles Gaulois ont refusé de signer la démolition de leurs biens.   

Autre son de cloche chez les militants

Le sursis estival justifié par le diagnostic amiante : une belle mascarade selon des militants contre la destruction des chalets. Ils sont 39 réfractaires à résister. Fédérés par l’association Les Chalets Castor, ces propriétaires ont saisi la justice l’année dernière.

Dans l’attente de la réponse du tribunal administratif, tout projet de démolition est bloqué. « On a attaqué sur la base de la procédure, donc ils ne pourront rien faire tant que la justice n’aura pas tranché », détaille Loïc Lassalle, militant. Propriétaire d’un des chalets, ce quarantenaire ne compte pas lâcher l’affaire. Il ajoute : « La démarche va durer cinq ans, au minimum ! » Faire traîner pour avoir gain de cause, c’est la stratégie choisie par l’association et une trentaine de propriétaires. « Ils veulent nous mettre dehors comme des malpropres, mais on va se battre et on va leur faire payer ! », termine Loïc Lassalle sur le volet de la justice.    

Des chalets historiques

Ancrés dans le paysage du littoral depuis l’après-guerre, ces chalets font partie du paysage.

C’est du patrimoine local et régional, social. C’est une trace de l’histoire marquée notamment par les premiers congés payés

Loïc, propriétaire de chalet

Comme des fenêtres sur la mer, certains se transmettent de génération en génération. « Mes grands-parents ont passé toutes leurs vacances ici et mes parents se sont rencontrés sur cette plage quand ils étaient enfants », raconte Loïc. Pour lui, ces chalets sont bien plus que de simples résidences secondaires : il ne défend pas le matériel, mais bien l’immatériel.

« C’est du patrimoine local et régional, social. C’est une trace de l’histoire marquée notamment par les premiers congés payés », approfondie l’enfant du pays. Ces chalets ont une âme, une histoire et de nombreux locaux ne veulent pas les voir disparaître. L’association explique souvent que « l’authentique ne se remplace pas ».  

Un projet communal pour attirer des touristes

Après de nombreuses années de débat et de menaces, l’autorisation d’occupation du territoire n’a pas été renouvelée après 2020. La Mairie a alors déposé un dossier en préfecture pour  (re)demander la concession de la plage de Blériot, perdue en 2002. Le Conseil municipal a donc pour projet de détruire les chalets d’origine, de les remplacer par des plus petites cabines démontables. Ces futures cabanes feront 2,5 mètres de longueur et de largeur et seront alignées sur la plage seulement la moitié de l’année. Elles pourront être louées à la semaine ou au mois. « Ce ne seront pas des habitations, les cabines seront plus nombreuses et pourront accueillir plus de personnes », précise Pascal Dubus, l’adjoint au maire. Autre projet : la mise en place d’un bar de plage éphémère et de petits magasins de plage.  L’élu continue : « Si on a demandé une concession c’est pour attirer les touristes ». 

Selon lui, la biodiversité sera préservée puisque toutes les installations disparaîtront l’hiver, comme la Loi Littoral le concède.   « Pharaonique et disproportionné », voilà comment Loïc Lassalle décrit le projet de la Mairie. Le militant dénonce des infrastructures à destination des touristes, pas destinées à la population locale. Il conclut : « Ici, une partie de la population est pauvre, il ne faut qu’ils oublient ce qu’est Calais.»         

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