À Boulogne, Castex promet un plan pour la pêche qui ne sera pas "la sacrifiée" du Brexit

Le Premier ministre essaie, ce jeudi matin, de rassurer les pêcheurs de la Côte d'Opale.

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Assurant que la pêche française ne serait pas "sacrifiée" sur l'autel des négociations commerciales post-Brexit, Jean Castex a promis jeudi un "plan d'accompagnement" depuis Boulogne-sur-Mer, où il est venu constater l'avancée des préparatifs à un mois de la fin de la période de transition.

Un accord, "mais pas dans n'importes quelles conditions"

"Nous espérons bien évidemment obtenir un accord dans les meilleures conditions possibles, mais pas dans n'importe quelles conditions. Et certainement pas dans les conditions où la pêche serait sacrifiée comme une variable d'ajustement", a martelé le Premier ministre devant des représentants de la filière (marins-pêcheurs, industriels, transporteurs...).

Alors que les normes européennes cesseront de s'appliquer au Royaume-Uni au 1er janvier 2021, qu'il y ait accord commercial ou non, M. Castex a donc tenté jeudi de répondre aux inquiétudes des pêcheurs, figurant au premier rang des victimes de l'incertitude ambiante. Le processus semblait toutefois s'accélérer en cette fin de semaine, le négociateur européen Michel Barnier ayant indiqué aux Etats membres que les prochaines heures de discussions seraient cruciales. Or, la pêche, et donc l'accès aux eaux britanniques très poissonneuses, fait partie des principales pommes de discorde.
  
"Il faut l'accès aux eaux, c'est impératif, c'est la priorité", a ainsi répété à M. Castex Olivier Leprêtre, président du comité régional de la pêche. "Si on se rabat sur les eaux françaises, il y a un risque de surexploitation, en quelques mois on va anéantir la ressource", a-t-il encore prévenu le Premier ministre qui venait de visiter le Klondyke, un bâteau de pêche hauturière qui opère au nord de l'Ecosse.

"C'est une négociation et une négociation doit aboutir à des compromis. Et il faut que nous vous accompagnions dans ces compromis", a répondu M. Castex en promettant "la solidarité nationale" aux "territoires concernés". 
    
"Une ère nouvelle va s'ouvrir. Je souhaite qu'il y ait un plan d'accompagnement spécifique", a déclaré M. Castex en assurant aux représentants du secteur (marins-pêcheurs, industriels, transporteurs...) réunis en table ronde que "l'Etat prendra(it) ses responsabilités".

Contrôles renforcés

M. Castex a également demandé aux préfets "de veiller, compte tenu des circonstances, à ce que des actions spécifiques du plan de relance soient destinées" aux acteurs de la pêche, pour leurs "projets" d'avenir ou leur "reconversion".
    
Pour les Français, la pêche dans les eaux britanniques représente environ 20% de l'activité de pêche en Atlantique - Manche - Mer du Nord, soit environ 180 millions d'euros. L'impact d'un "no deal", qui signifierait aussi un rétablissement des droits de douanes selon une grille tarifaire de l'Organisation mondiale du commerce, est encore difficilement mesurable et devra s'évaluer "au cas par cas, selon les ports", fait-on valoir à Matignon.

Plus généralement, le Premier ministre, qui était ensuite attendu à Calais sur le site d'Eurotunnel puis au port de commerce, vient également vérifier les préparatifs avant la bascule. Il s'agit notamment de s'assurer "que les services de l'Etat sont bien mobilisés", tant au niveau des infrastructures que du personnel, dixit Matignon qui souligne que 1.700 agents ont été recrutés dans les services des douanes, vétérinaires, de la police...

Des renforts à Boulogne-sur-Mer

Ainsi, M. Castex a annoncé jeudi l'arrivée d'une vingtaine d'agents en plus à Boulogne-sur-Mer afin de faire fonctionner 24H sur 24H le service d'inspection vétérinaire de cette ville (Sivep) destiné à traiter les produits de la mer arrivant de Grande-Bretagne.
    
Les Hauts-de-France concentrent évidemment l'essentiel des enjeux, puisque 70% des échanges commerciaux entre l'UE et le Royaume-Uni y transitent, à raison de 12.000 poids lourds, 13.000 voitures et 60.000 passagers par jour.
    
Les autorités s'attendent par exemple à ce que le contrôle d'un passager en provenance de Grande-Bretagne passe de 20 secondes aujourd'hui à plus d'une minute en cas de vérifications plus poussées. Avec un enjeu: réduire au maximum les files d'attente de camions, en s'assurant de la fluidité du fonctionnement des points de dédouanement et de contrôles de sécurité et sanitaires. 
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