La compagnie maritime britannique est attaquée par deux exportateurs français de faisans et de perdrix.
La compagnie maritime P&O Ferries, poursuivie par deux sociétés d'exportation de volailles, a défendu jeudi 6 décembre devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-mer sa décision de ne plus transporter de gibier destiné à la chasse en Grande-Bretagne.
En juin, P&O a décidé de ne plus transporter sur ses bateaux "des animaux destinés à la chasse". Un coup dur pour les entreprises Gibovendée et Envol de Retz, pour lesquelles l'exportation de la volaille en Grande-Bretagne représentait en 2017 l'équivalent de 11,7 millions de livres de chiffre d'affaires (environ 13 millions d'euros).
Poursuites pour "discrimination"
Les deux sociétés, spécialisées dans la reproduction de faisans et de perdrix, ont attaqué la compagnie maritime pour "discrimination". Le délibéré sera rendu le 20 décembre."Nous ne pouvons pas nier qu'une grosse partie de notre production est envoyée à des éleveurs qui l'utilisent comme gibier pour les parties de chasse. Mais notre activité est parfaitement légale", a souligné jeudi le PDG de Gibovendée, Denis Bourasseau.
En 2015 déjà, Brittany Ferries avait décidé de cesser sa collaboration avec les exportateurs à la suite d'une vidéo publiée par la Ligue contre les sports cruels, qui dénonçait le sort des poussins faisans et perdrix destinés à la chasse en Grande-Bretagne.
"Les valeurs de nos passagers, c'est aussi le bien-être animal"
"Si on perd tous nos transporteurs les uns après les autres, c'est la liquidation judiciaire", a affirmé Me Alexandre Varaut, avocat de la partie civile. "A Gibovendée, cela représente 150 emplois et une quarantaine d'éleveurs".Pierre-Emmanuel Fender, conseil de P&O Ferries, a quant à lui soutenu que la compagnie maritime avait "toute latitude" sur le fait de transporter ou non des animaux vivants et sur ce qui pourrait nuire à l'image de l'entreprise.
"Toutes les entreprises veulent être proches de leurs clients et de leurs valeurs. Et les valeurs de nos passagers, c'est aussi le bien-être animal", a-t-il dit.
Britany Ferries et DFDS Seaways France sont eux aussi poursuivis par les deux exportateurs pour les mêmes motifs.