Boulogne-sur-mer : les pêcheurs soulagés par l'interdiction de la senne démersale, une technique industrielle utilisée par les Néérlandais

La senne démersale, une technique de pêche industrielle prisée par les Néérlandais, vient d'être interdite dans les eaux territoriales françaises par le Parlement européen. Une bonne nouvelle pour les pêcheurs de Boulogne-sur-mer, qui faisaient face à une concurrence agressive et une dégradation de la ressource.

Ce 12 juillet, les eurodéputés de la Commission de la pêche du Parlement européen ont interdit la senne démersale dans les eaux territoriales françaises. Il s'agit d'une technique de pêche industrielle, apparentée au très décrié chalutage de fonds, qui consiste à piéger indistinctement les poissons dans des filets dérivants.

A Boulogne-sur-Mer, associations et pêcheurs artisanaux étaient vent debout pour bannir cette pratique, dévastatrice pour la biodiversité. Des professionnels britanniques s'étaient également joints au mouvement de protestation organisé en mai. Apparue dans la Manche dans les années 2000, la senne démersale a été développée et est utilisée essentiellement par les pêcheurs venus des Pays-Bas. "Maintenant, ils font du non-stop, des rotations d’équipage pour que les bateaux restent toujours en mer" témoignait un pêcheur repenti de la pêche à la senne dans les colonnes de Reporterre.

Une décision cruciale "pour l'avenir du port de Boulogne"

En plus d'être dangereuse pour la planète, cette technique a créé une concurrence insoutenable pour les pêcheurs du littoral, forcés de choisir entre le risque de précarisation ou la conversion à cette pêche agressive. La décision des parlementaires européens est donc une très bonne nouvelle selon Stéphane Pinto, 1er vice-président du Comité régional des pêches maritimes. "C'était une volonté qui émane des pêcheurs des Hauts-de-France et de Normandie, et de l'association Bloom. Il faut être cohérent : la politique commune des pêches préconisait la préservation de la ressource, et d'un autre côté on assistait à tous ces débordements."

Olivier Leprêtre, président du Comité, abonde en ce sens : "On sait très bien que c'est dans les 12 milles [marins, la limite des eaux territoriales, ndlr] que la ressource se régénère, c'est là qu'il y a toutes les nourriceries. Ça va permettre de reposer la ressource, et qu'elle puisse se régénérer mais ça va être très long, depuis le temps que c'est surexploité. Ça va aussi permettre d'éloigner tous ces gros bateaux : on avait des problèmes de cohabitation, puisque leurs filets démolissaient le matériel des petits bateaux. Pour les jeunes qui ont investi, pour l'avenir du port de Boulogne, c'est une chose bénéfique. Mais les hollandais vont être sur le pont, prêts à faire feu. Tant que ce n'est pas gravé dans le marbre, rien n'est gagné."

L'association Bloom, qui a soutenu les pêcheurs du Nord dans leur combat, se réjouit d'une "première victoire décisive" mais reste également mobilisée : le rapporteur du texte, Pierre Karleskind, doit désormais défendre le texte lors des négociations qui vont impliquer, en plus du Parlement Européen, le Conseil des états membres et la Commission Européenne. 

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