Les autorités britanniques distribuent des tests à faire soi-même aux routiers qui doivent rentrer en France, obligés de présenter un test négatif.
Des "self-test kit", ou en français des tests à réaliser soi-même. Voilà ce qui est proposé aux conducteurs routiers qui souhaitent rentrer en France après un court séjour au Royaume-Uni. On s'explique.
Quelques jours avant Noël, le gouvernement français a rendu obligatoire la présentation d'un test négatif par toutes les personnes en provenance de l'île britannique. Catégorie particulièrement touchée par cette mesure, les chauffeurs routiers qui franchissent très régulièrement la frontière.
A ces professionnels du transport, les autorités britanniques donnent des tests antigéniques à réaliser soi-même. Sur des photos que nous avons pu consulter, nous pouvons voir des routiers à même le sol, sur un parking, devoir déchiffrer une notice en anglais avant de s'introduire une longue tige dans les narines.
On se retrouve avec des saignements de nez, d'autres se retrouvent avec des irritations nasales assez désagréables, d'autres éternuent.
"Depuis le 23 décembre, j'ai déjà subi cinq tests, raconte Erick Bais, chauffeur routier, au micro de France 2, le 19 janvier. On se retrouve avec des saignements de nez, d'autres avec des irritations nasales assez désagréables, d'autres éternuent". Lors de son dernier rapport du 12 janvier, le Conseil scientifique ne voyait pas d'inconvénient à l'utilisation de ces dispositifs.
Une situation qui exaspère Frédéric Cuvilliers, maire de Boulogne-sur-Mer. "Je réclame avec force que la dignité humaine des routiers soit respectée de la part des autorités britanniques", demande dans un communiqué l'ancien ministre des Transports (2012-2014) avant d'ajouter : "comment accepter que ces travailleurs soient dans l’obligation de se tester par leur propre moyen soit par eux-mêmes ou en faisant appel à un collègue volontaire ?"
"Je regrette que les conducteurs ne puissent pas présenter un test négatif fait en France avant le départ par un professionnel"
Olivier Arrigault, secrétaire général de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) du Nord, s'interroge également sur les conditions sanitaires dans lesquelles s'effectuent ces auto-tests. "Je regrette que les conducteurs ne puissent pas présenter un test négatif fait en France avant le départ par un professionnel", juge-t-il. Ce dernier remet en cause également la fiablité de ces tests puisqu'ils ne sont pas réalisés par du personnel formé.
Le souhait des conducteurs routiers est évidemment de rentrer le plus vite possible en France et à ce titre, ces tests antigéniques, dont le résultat est connu en une quinzaine de minutes, remplissent le contrat. "Si le premier test antigénique est positif alors le conducteur doit en faire un deuxième, un PCR. Si celui-ci a également le même résultat, alors il doit observer une quarantaine sur le territoire britannique, prise en charge par les autorités", poursuit Olivier Arrigault.
Je soutiens sans réserve la demande de droit de retrait et demande aux autorités d’exiger en urgence du gouvernement britannique la mise en place d’un accompagnement sanitaire dans les tests que sont obligés de faire eux-mêmes les routiers.
Néanmoins, au regard de ces conditions et de la situation sanitaire inquiétante au Royaume-Uni, les syndicats tentent de faire valoir un droit de retrait depuis plusieurs jours, en vain jusqu'ici. "Nous demandons que ceux qui ne veulent pas aller au Royaume-Uni soient entendus et puissent travailler uniquement en France et dans les pays où la situation sanitaire est moins tendue", expliquait récemment José Zydower, délégué syndical FO et élu au CSE de XPO.
Un souhait auquel Frédéric Cuvilliers essaye de donner de l'écho. "Je soutiens sans réserve la demande de droit de retrait et demande aux autorités d’exiger en urgence du gouvernement britannique la mise en place d’un accompagnement sanitaire dans les tests que sont obligés de faire eux-mêmes les routiers".