Franck Vandecasteele, le leader nordiste du groupe "Marcel et son orchestre" est aussi membre des "Lénine Renaud", qui sera au Channel de Calais le 15 février 2023 pour interpréter son quatrième album. Mais pourquoi le chanteur a-t-il eu besoin d'un deuxième groupe plus "sérieux" ? Explications.
Le projet est né pendant le confinement. En rangeant ses livres d'art, Franck Vandecasteele s'est mis à "raconter des tableaux, les chanter, les mettre en musique et en scène". Avec ses comparses de Lénine Renaud, il a écrit douze chansons inspirées d'œuvres d'art, compilées dans un album sorti en octobre 2022.
Douze tableaux mis en chansons
Dans Le petit musée de Lénine Renaud, le groupe aux instruments éclectiques (mandoline, accordéon...) met en musique des histoires entendues ou imaginées autour de douze tableaux, dont cinq sont exposés dans les Hauts-de-France.
"Dans La femme à l'ombrelle par exemple, détaille Franck, inspirée d'un tableau de Monet, on a imaginé qu'avec l'arrivée de la peinture en tubes, l'artiste avait retrouvé le plaisir de flâner et qu'avec la démocratisation du chemin de fer, les peintres pouvaient mettre de la distance entre eux et leur atelier."
Le ressenti vs le récit
"Ça m'a fait du bien... Écrire, c'est un exutoire, lance le leader du groupe Marcel et son orchestre. En fait, je dirais que le rock, c'est le ressenti et que la chanson française c'est le récit."
"Marcel, c'est compulsif, immédiat, complète-t-il. Lénine Renaud privilégie le texte. Les deux groupes sont complémentaires, finalement."
La chanson, vecteur de conscientisation
"J'étais un gamin de Boulogne-sur-Mer, se souvient Franck Vandecasteele. J'ai grandi au Chemin vert, un quartier populaire. J'étais curieux de tout, je passais beaucoup de temps à la maison des jeunes."
"J'ai commencé par les percussions vers 15-16 ans. J'étais fou de musique latine, j'avais des copains réfugiés politiques chiliens. C'est la chanson qui m'a conscientisé."
C'est la chanson qui m'a appris à dire "Je t'aime".
Franck Vandecasteele, leader de "Marcel et son orchestre" et de "Lénine Renaud"
Très vite, ils sont plusieurs lycéens à se retrouver autour de la culture de l'humour. "On était fous des Monthy Python, des blagues Carambar et des Marx Brothers, sans hiérarchie aucune."
C'est comme ça que naît le groupe Marcel et son orchestre, dont le nom sera officiellement choisi en 1986. "Au début on était un collectif de divergence, on n'était d'accord sur rien. On faisait quasiment du théâtre de rue !", raconte encore celui qui a manifesté pour la suppression des moquettes murales ou pour exiger une belle arrière-saison.
Ce décalage, Marcel en fait sa marque de fabrique, avec le titre Les Vaches, par exemple. "Meuh meuh font les vaches, les vaches font meuh meuh, on n'est pas sur une écriture poétique ou émotionnelle !", sourit le nordiste.
La farce ne permet pas tout
Mais comme il le souligne, "le costume de Marcel ne permet pas tout. L'univers de la farce, c'est compliqué pour l'émotion, le sensible."
Lorsque sa mère décède en 2010 à l'âge de 63 ans, Franck écrit À nos vies, à nos morts. "Les Marcel ne voyaient pas comment utiliser ce titre. A l'époque, Gary Grèu de Massilia Sound System se lançait dans une carrière solo. Il en a fait une version."
Mais l'artiste garde un manque à l'intérieur de lui : "Ça me titillait de l'interpréter, de mettre mes tripes sur la table, pour une fois. A cette époque, j'ai rencontré Cyril [Delmote, le chanteur des VRP], on était sur la même longueur d'ondes, et c'est comme ça que Lénine Renaud a vu le jour en 2011."
En cet automne 2022, le groupe sort donc son quatrième album, Le petit musée de Lénine Renaud. Les six musiciens seront en concert au Channel, scène nationale de Calais, le 15 février 2023.