"En une nuit, le gasoil a pris 10 centimes. C'est dramatique" : sur le littoral des Hauts-de-France, les pêcheurs inquiets face à la hausse record du prix des carburants

Le prix du gasoil a quasiment doublé depuis un an. Le secteur de la pêche professionnelle est l'un des secteurs les plus directement affectés par ces hausses. Les salaires des marins sont au plus bas.

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C'est une nouvelle nuit passée dans l'attente et l'inquiétude. "J'étais en mer et j'avais le regard porté sur le cours des carburants", nous raconte Nicolas Margollé, pêcheur au port de Boulogne-sur-Mer. À minuit vendredi 4 mars, le gasoil a pris plus de 10 centimes. "C'est dramatique", s'exclame-t-il. Le gasoil pêche coûte désormais 0,85 euro le litre, contre 0,74 euro la veille. Une hausse qui laisse présager le pire selon le professionnel de la mer : "À ce rythme, le litre sera à 1 euro dans les prochains jours. Mon bateau consomme 11 mètres cube par semaine. Vous imaginez si je paye 11 000 euros de gasoil chaque semaine ? Comment je vais faire ?"

Des baisses de salaire de 500 euros

Nicolas Margollé est surtout inquiet pour ses six employés. Avec cette hausse, il a dû répercuter les pertes sur les salaires. Les marins pêcheurs ont vu leur fiche de paye amputée de 500 euros par mois en moyenne. "En ce moment, ils gagnent aux alentours de 1 500 euros alors qu'ils partent en mer toute la semaine. Ce n'est pas une vie." Comme d'autres de ses collègues, le patron se questionne sur son activité : "Là, on va travailler pour rien. On se demande si on va sortir les bateaux en mer la semaine prochaine."

Olivier Leprêtre, président du Comité Régional des Pêches des Hauts-de-France qui compte les ports du Crotoy, Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque, interpelle dans un communiqué les politiques sur la situation : "La part du gasoil atteint à présent 40 % du chiffre d'affaires du bateau. Faute de pouvoir assurer un salaire aux équipages, les navires risquent fort de rester à quai dans les jours à venir. [...] Un arrêt des entreprises de pêche aura un impact sur l'ensemble des maillons de la filière régionale."

6 500 emplois dans les Hauts-de-France

D'après le conseil régional des Hauts-de-France, la filière halieutique représente plus de 6 500 emplois directs, dont 850 marins et 5 000 emplois uniquement dans le secteur de la transformation. 

Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France, a envoyé ce jeudi 3 mars un courrier au Premier ministre Jean Castex dans lequel il l’interpelle sur cette hausse : "Le secteur de la pêche est aujourd'hui une nouvelle fois affecté par la conjoncture internationale et la hausse des prix de l’énergie. Les prix du gasoil, déjà à des niveaux historiques, convergent vers une nouvelle hausse dans les prochains jours. C'est la raison pour laquelle je souhaite aujourd'hui alerter l'État sur ce sujet afin que le Gouvernement prenne pleinement conscience de l’urgence de la situation et mobilise les moyens nécessaires."

Les licences post-Brexit sont arrivées tardivement

L'accord sur le Brexit, conclu fin 2020 entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens peuvent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques. L'accès à la zone poissonneuse, qui s'étend du sud de la Mer du Nord au pays de Galles, est en théorie garanti aux navires qui s'y rendaient déjà entre 2012 et 2016. Pour cela, il leur faut toutefois demander de nouvelles licences à Londres.

Après des mois de bras de fer, "90 % des bateaux ont obtenu leur licence" selon Nicolas Margollé. Les dernières sont arrivées il y a quinze jours. "Bien trop tard" pour le professionnel : "On a des licences maintenant mais l'essence est trop cher. C’est la fin de saison, les chiffres d’affaires sont au plus bas."

Mercredi 2 mars, le président de la République a confirmé la création d’un plan de résilience économique et social qui sera bientôt annoncé par son Premier ministre Jean Castex. Une réunion est prévue dans la journée ce vendredi 4 mars entre les différents acteurs de la filière halieutique.

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