Le secrétaire d’Etat à la Mer était attendu ce vendredi aux assises de la filière, à Nice, alors que l’aide de 20 centimes par litre de gazole pour les bateaux de pêche doit prendre fin le 15 octobre.
Face au secrétaire d’Etat à la Mer, une salle qui se vide. À la tribune des assises de la pêche de Nice, ce vendredi 22 septembre, Hervé Berville a annoncé la mise en place d’un "plan de transition énergétique de la flotte" en réponse aux cris d'alarme du secteur. Mais les pêcheurs, inquiets de la fin prochaine de l’aide exceptionnelle au gazole, ont marqué leur mécontentement en quittant les lieux en plein discours. "On s’est levés parce que le compte n’y est pas", a résumé le Boulonnais Bruno Dachicourt, secrétaire général du syndicat des marins pêcheurs CFTC.
La filière est confrontée à l’inflation sur l’énergie conjuguée à un prix du poisson historiquement bas. Elle réclame des mesures alors que le 15 octobre doit prendre fin l’aide de 20 centimes au litre accordée aux bateaux de pêche depuis mars 2022. Le gouvernement a donc répondu par un "partenariat public-privé" reposant sur le "verdissement du carburant maritime", la "réduction de la dépendance de nos navires au pétrole" et "l’adaptation des infrastructures portuaires".
Hervé Berville a notamment promis une aide de 13 centimes, financée par TotalEnergies, sur un gazole-pêche "incorporant une part importante de biocarburant". Selon son cabinet, cette adjonction à hauteur de 7,5% constitue un volume "disponible" et qui ne "nécessite pas d’adaptation des moteurs" mais "des investissements dans les stations". Le groupe fournirait par ailleurs "les deux tiers de la vente du carburant marin" en France.
"Du concret"
"Les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur de la crise que traverse depuis des années la filière, celle du Covid, du Brexit, de l’Energie", a rétorqué Olivier Le Nezet. Si le président du Comité national des pêches a estimé le plan "intéressant sur le moyen et le long terme", il a souligné que des entreprises se trouvaient "en urgence extrême" et nécessitaient des réponses "de court terme".
"C’est un peu trop léger, on avait bien dit qu’il fallait du concret", a abondé Bruno Dachicourt, pointant le flou du calendrier et du financement. "L’immédiat, c’est : comment on fait pour tenir ? […] La décarbonation : oui, très bien. Mais ça ne peut pas se faire du jour au lendemain." Parti dès ce matin de Nice d’où il s’exprimait la veille, le président de la Coopérative Maritime Etaploise Bruno Margollé dénonce lui des "mesurettes" qui n’offrent "rien de probant pour continuer de manière sereine".
Le dialogue s'est poursuivi par une rencontre entre le secrétaire d'Etat et les acteurs de la filière en fin de matinée, mais ces derniers demandent à pouvoir rencontrer le président de la République. En 20 ans, la flotte française – la troisième de l’Union européenne avec 6.500 navires – a diminué de plus d’un quart, nombre qui s'apprête encore à décroître avec la mise en place d'un "plan d'accompagnement individuel" post-Brexit, destiné aux pêcheurs n'ayant plus accès aux eaux britanniques.