Après des semaines de tensions et la menace d'exécution de sanctions envers les navires de pêche britanniques par la France, Emmanuel Macron et Boris Johnson se sont entretenus en marge du G20 organisé à Rome. Ils se sont dits prêts à une désescalade du conflit. Depuis, le bras de fer continue.
Emmanuel Macron et Boris Johnson se sont entretenus ce dimanche matin à Rome pendant une petite demi-heure. L'Elysée a fait savoir que les deux dirigeants s'étaient mis d'accord sur une "désescalade" du conflit autour de la pêche, sujet qui menaçait de dégénérer dans les prochains jours.
Des menaces de sanctions
En effet, mercredi 27 octobre, la France annonçait "l'interdiction de débarquement de produits de la mer" pour les chalutiers britanniques en France et la mise en place de "contrôles douaniers et sanitaires systématiques sur les produits (britanniques) débarqués". Ces sanctions devaient entrer en vigueur dès mardi 2 novembre.
Les 4 mesures de rétorsion seront mises en place à compter du 2 novembre à l'encontre des Britanniques. Disproportionnées ? Elles ne le sont pas. Nous défendons nos droits, nos pêcheurs et notre littoral.
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) October 28, 2021
Quand on appose sa signature au bas d'un accord, on le respecte. #RTLMatin pic.twitter.com/r18VQ3njhP
Au lendemain de cette annonce, Londres a, fait rare, convoqué l’ambassadrice de France et menacé en représailles de renforcer les contrôles de navires européens frayant dans ses eaux. Boris Johnson s’est par ailleurs plaint ce samedi auprès de la cheffe de l’exécutif européen Ursula von der Leyen des menaces "complètement injustifiées" de Paris.
90 pêcheurs boulonnais encore sans licence
Au centre du conflit entre Paris et Londres se trouve l'attribution de licences aux pêcheurs français. L'accord post-Brexit prévoyait que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition de pouvoir prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais français et britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.
Dans les zones de pêche encore disputées (zone des 6-12 milles des côtes britanniques et îles anglo-normandes), Londres et Jersey ont accordé au total un peu plus de 210 licences définitives, alors que Paris en réclame encore 244.
Jeudi, le ministre britannique de l'Environnement George Eustice avait affirmé, que des licences de pêche avaient été accordées à 98% des bateaux européens qui en avaient fait la demande.
Au port de Boulogne, sur une flotte de 112 bateaux de pêche, une vingtaine seulement a l'autorisation de naviguer dans les eaux britanniques."Depuis le temps qu'on attend, maintenant on veut du concret, j'ai investi 3 millions d'euros dans un bateau, j'ai besoin de la licence pour travailler correctement", explique un pêcheur boulonnais, revenant sur l'annonce de discussions entre les deux dirigeants, il confie son agacement : "les mesures de rétorsion, on les applique on les applique plus, c'est du blabla, pour nous les hommes de terrain on veut du résultat."
"Un travail commun" bientôt mis en place ?
Ce dimanche, les deux dirigeants se seraient entendus pour qu’un "travail commun"soit mené afin que "des mesures pratiques et opérationnelles soient prises le plus vite."
Boris Johnson a appelé la France à retirer ses menaces de représailles et a "réitéré sa profonde préoccupation au sujet de la rhétorique du gouvernement français ces derniers jours" citant notamment les propos du Premier ministre français Jean Castex selon lesquels "le Royaume-Uni devrait être puni pour avoir quitté l’UE", selon le porte-parole de Downing Street.
"Notre position n’a pas changé"a affirmé à l’issue de l’entretien, le porte-parole du dirigeant conservateur Boris Johnson.
En réaction à ces annonces, Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches martimes et des élevages marins des Hauts-de-France confie que "malheureusement, Boris Johnson préfère la force que la discussion donc je pense que l'état français n'aura pas le choix que d'activer ces mesures de rétorsion". Alors, sanctions ou pas ? Réponse ce mardi. Une chose est sûre, le bras de fer continue.