Pêche : mobilisation à Boulogne-sur-Mer pour préserver les ressources marines, "la Manche est vide"

Ce lundi 9 mai 2022, à Boulogne-sur-Mer, l'association de lutte pour la préservation des océans, Bloom, a organisé une manifestation pour l'interdiction de la senne démersale : une méthode de pêche particulièrement destructrice.

Sur le quai Gambetta, à Boulogne-sur-Mer, une scène de crime avec, dessinées à la craie, des silhouettes de pêcheurs et de poissons. Mais ici, le mot scène a volontairement été inscrit "SENNE", en référence à la technique de pêche dénoncée par l'association Bloom qui protège les océans.

Après son combat contre la pêche électrique, l'organisation non-gouvernementale BLOOM s'attaque à la pêche à la senne démersale.

Aujourd'hui, à Boulogne-sur-Mer elle a organisé une manifestation pour réclamer un moratoire sur la senne démersale : une technique de pêche avec un câble mis en vibration dans les fonds marins et qui piège les poissons en les encerclant. Cette technique de pêche industrielle est très efficace car elle a une emprise spatiale gigantesque mais elle serait destructrice selon l'ONG. 

"La senne tue les poissons et elle tue les pêcheurs" déclare Laetitia Bisiaux, chargée de projet pour l'association.

Mettre la pression avant un vote à Bruxelles

"Aujourd'hui, nous avons une opportunité pour stopper ce massacre : la commission pêche du Parlement européen doit statuer le 11 mai sur un amendement qui vise à interdire ce type de pêche dans les 12 milles. Il faut mettre la pression sur les eurodéputés."

Les pêcheurs sont pris dans un engrenage de la technologie. On demande un principe de précaution.

Laetitia Bisiaux, Bloom

En effet, ce sont les pêcheurs hollandais qui ont ouvert le bal les premiers en 2010, mais pour ne pas être en reste les Français leur ont emboité le pas. Aujourd'hui, nombre d'entre eux s'en mordent les doigts en constatant la raréfaction de la ressource et ils soutiennent le mouvement.

La Manche est vide

Alexandre Fournier, patron de pêche

Alexandre Fournier est un jeune patron de pêche. A la tête du Notre-Dame de Boulogne depuis 9 ans, il ne peut que constater les dégâts.
"La Manche est vide", dit-il. "J'ai équipé mon bateau à la senne en 2016 pour lutter face aux pêcheurs hollandais mais aujourd'hui, on ne peut plus rien face à des bateaux qui mesurent 30 à 40 mètres et qui ratissent tout sur leur passage. Je préfère qu'on interdise ce type de pêche plutôt que continuer comme ça !".

Et quand on lui demande s'il ne pense pas se tirer une balle dans le pied si la senne est interdite, sa réponse est on ne peut plus claire : "Je préfère encore me couper un bras et continuer à exercer mon activité plutôt que voir la mer se vider ! En une seule journée, 5 super pêcheurs hollandais sont capables grâce à leur senne d'encercler une ville comme Paris. Vous imaginez !".

Demain, il sera à Bruxelles pour essayer de convaincre les eurodéputés de voter l'interdiction de la pêche à la senne près des côtes.

Le problème, c'est le gigantisme des bateaux hollandais

Olivier Leprêtre, pdt du comité régional des pêches

Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches, ne soutient pas le mouvement mais il adhère à la cause à titre personnel. Il est lui-même patron d’un chalutier le Marmouset II qui pratique cette technique depuis 2018. Et il reconnaît que la ressource diminue depuis 2 à 3 ans. 

"C’est de la faute des Hollandais", affirme-t-il. "Ce sont des financiers de la mer. Eux ne se préoccupent pas de l’avenir. On ne peut pas laisser des bateaux de 30 à 40 mètres pêcher à 6 miles de nos côtes ! Le problème c’est leur gigantisme". 

Il estime à une quinzaine le nombre de chalutiers boulonnais qui pratiquent ce type de pêche. Lui aussi réclame un moratoire, "le temps que la ressource se régénère et que l'on fasse des études scientifiques sur l'impact de ce type de pêche".

Car comme l'indique un autre pêcheur à la senne : "Quand vous mettez une vache dans une prairie, tout va bien... mais quand c'est tout un troupeau, il ne reste plus rien. La cohabitation avec les navires hollandais est difficile".

Aujourd'hui, un pêcheur artisanal boulonnais, Laurent Merlin, est allé à la rencontre d'un pêcheur anglais en plein milieu de la Manche pour déployer une banderole alertant sur les dangers de cette pêche. 


Un geste symbolique pour montrer que Français et Anglais sont solidaires dans leur lutte contre la pêche industrielle.

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