Les communes du littoral ont enregistré des départs massifs d'embarcations de migrants ce dimanche 14 janvier 2024, en raison de conditions météorologiques favorables. Nombre d'entre eux ont nécessité l'intervention de secours suite à des chavirements. Une situation que les maires de Wimereux et du Portel continuent de déplorer.
Un premier drame pour l'année 2024 dans le détroit du Pas-de-Calais. Ce dimanche 14 janvier 2024, vers 2 heures du matin, une embarcation avec à son bord 72 migrants a fait naufrage au large de Wimereux. Au moins 5 personnes sont décédées suite au chavirement du bateau et deux personnes sont toujours hospitalisées à Boulogne-sur-Mer. Le bilan est encore en cours de constitution par les autorités ce dimanche soir.
De nombreux groupes de migrants ont tenté la traversée de la Manche ce week-end, sur tout le littoral des Hauts-de-France, au départ d'Ambleteuse et jusqu'à Ault en Baie de Somme. "Ça faisait 4 semaines que le temps était mauvais mais depuis trois jours il y a une ouverture météo. On savait qu'il y aurait du monde, qu'ils étaient déjà arrivés et depuis avant-hier il y a beaucoup de départs", explique une bénévole de l'association d'aide aux réfugiés Osmose 62, présente pour accueillir les migrants secourus.
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La quête de l'Eldorado
Hélicoptères et navires de secours ont passé la journée à ratisser le littoral du Pas-de-Calais, pour assurer la surveillance des embarcations déjà parties en mer. Sur la terre ferme, associations et sapeurs-pompiers confient des vêtements chauds et de la nourriture aux rescapés.
Décès de 5 migrants et 1 personne en urgence absolue à proximité de la plage de Wimereux (62). De nombreux moyens ont été engagés et coordonnés par le@CROSSGrisNez. @Prefet62 @SGMer
— Préfecture maritime Manche et mer du Nord (@premarmanche) January 14, 2024
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Jean-Luc Dubaële, maire de Wimereux, assiste à la scène avec impuissance. Lors du naufrage de ce dimanche, l'élu a été immédiatement alerté par les pompiers. C'est la première fois depuis le début du mandat de Jean-Luc Dubaële que des migrants trouvent la mort dans les eaux de Wimereux. "J'ai toujours prié pour que ça n'arrive pas chez moi. Ça me touche énormément de voir ces personnes qui déambulent et qui tentent d'aller chercher un plus beau soleil auprès des Britanniques."
"On ne peut pas les retenir"
Mais bien vite la tristesse laisse place à la colère. Pour lui, deux entités sont coupables du drame de cette nuit. "Il est temps que l'État prenne les choses en main et tape sur la table au niveau des Anglais qui sont responsables de ces tragédies", fustige l'édile avant d'ajouter, en pesant ses mots : "Les passeurs sont eux aussi responsables de cette situation bien entendu, pour moi ce sont des assassins."
Il est temps que l'État prenne les choses en main et tape sur la table au niveau des Anglais qui sont responsables de ces tragédies.
Jean-Luc Dubaële, maire de Wimereux
Il soupire, ramené à la fatalité de la situation, ne sachant pas comment retenir les migrants et les empêcher de prendre le large. "Ils voient les côtes anglaises depuis la rive, ils les touchent presque. Ils ont fait tellement de marche pour y arriver qu'on ne peut pas les dissuader. On leur donne à manger, à boire et puis ils repartent."
Ils voient les côtes anglaises depuis la rive, ils les touchent presque. Ils ont fait tellement de marche pour y arriver, qu'on ne peut pas les dissuader.
Jean-Luc Dubaële
L'écœurement des maires
Au Portel, cette fin de week-end a également été ponctuée par plusieurs interventions des autorités et des secours, qui ont dû hélitreuiller un groupe de migrants tombés à l'eau en milieu de journée. "Nous les maires on est là pour apporter une solidarité nationale mais derrière on est vraiment désemparés", souligne Olivier Barbarin, maire du Portel. "Tous les maires du Boulonnais me disent qu'ils ne savent pas quoi faire parce que des départs ont lieu partout aujourd'hui."
L'élu espérait pouvoir compter sur l'hiver pour dissuader les réfugiés de tenter la traversée. "On est écœurés, révoltés, en colère, mais passifs car il faut que l'État et les Anglais se mettent autour d'une table pour résoudre la situation. Et ça presse !"