Classée monument historique, la basilique de Boulogne-sur-Mer surplombe la ville portuaire depuis plus de 150 ans. Un édifice fragile pour lequel des travaux de grandes ampleurs ont débuté, mobilisant des dizaines de corps de métiers pendant plusieurs mois.
La basilique de Boulogne-sur-Mer figure parmi les 10 plus hautes églises de France avec à son dôme de 103 mètres de haut. Un patrimoine exceptionnel, dont la fragilité s'est accentuée avec le temps.
Un édifice déjà renforcé au début du XXème siécle, avec des cerclages de fers. Mais au fil des ans, ils ont fait éclater le béton, ouvrant la voie aux infiltrations d'eau. Aujourd'hui, il faut donc remplacer ces cerclages, recouvert de béton ainsi que les maçonneries en pierre qui avec le vent, la pluie et l'air marin se sont abimées.
Tailleurs de pierre et restaurateurs de béton armé
Plus de 160 m3 de pierre à tailler ou à sculpter sur place. " C'est un chantier d'une très grande ampleur, 18 à 20 mois de travail non-stop. Nous allons devoir changer une à une les pierres qui se sont fragilisée, les retailler sur place. De la pierre de Marquise, calcaire, très dure. Chacune pèse environ 200 kilos, soit prés de 260 tonnes !" explique Manuel Mayeur, chef du chantier de l'Entreprise Chevalier Nord, en charge de la coordination.
Ceinturée d'un gigantesque échafaudage, renforcé de béton, la fragile vieille dame voit se succéder à son chevet, une dizaine de corps de métiers : tailleurs de pierre, maçons, maîtres verriers mais aussi restaurateurs de béton armé se partageront la tâche. Un travail de titan, sous le vent et la pluie.
Un travail d'équipe qui s'organise au jour le jour, pour protéger la noble bâtisse. "Nous accompagnons le travail des maçons en recouvrant les pierres qui viennent d'être installées avec un habillage de plomb. Tout ce qui est corniches, en saillis sera habillé, ce qui représente plus de 1 000 m2 de pose de plomb" détaille Bernard Battais.
Un habillage rendu nécessaire surtout durant l'hiver. "Avec le gel, l'eau qui stagnait dans la pierre la faisait explosée. On estime à une année de travail pour 4 personnes, car cela va concerner la pierre mais aussi le béton" précise Bernard Battais.
Un chantier à sept millions d’euros
Le chantier du dôme est aussi exceptionnel par son coût : "Sept millions d’euros", comme l’explique Véronique Tonnel-Novak, attachée de conservation du patrimoine. "C'est un chantier colossal, sur un bâtiment aux multiples problématiques. Un monument classé, depuis 1982 et dans un secteur archéologique très fort, celui de la vieille ville."
Ces travaux seront cofinancés par la ville et l’État, "par le biais de la Direction Régionale des Affaires culturelles, aussi. D’autres partenaires financiers pourraient venir soutenir les premiers, notamment le Département et l’Europe." L'Association Cathédrale mène, elle aussi, depuis plusieurs années des opérations de mécénat dédiées à ce projet.
Un chantier de gros œuvre plus que nécessaire, avant t'entamer la restauration des verrières : "Plus de 500 verres, des vitraux aux teintes jaunes qui permettent de créer une lumière dorée à l'intérieur du Dôme."
Un patrimoine que Véronique Tonnel-Novak connaît bien mais qu'elle redécouvre à l'occasion de cette restauration : "la première fois que je me suis retrouvée nez à nez avec l'une des statues du Dôme, ça m'a fait quelque chose... parce que je les vois d'habitude aux jumelles, au téléobjectif, en photo mais la voir de si près, juste devant moi c'est assez impression avec un côté privilégiée. Jamais je ne reverrais ça de celle façon."
Depuis 160 ans, à près de cent mètres de hauteur, les statues observent la mer juchées sur leur piédestal. Aujourd'hui et pour plusieurs mois, elles ne seront plus les seules !