Les répercussions des inondations sont innombrables dans le Pas-de-Calais. Ainsi, les berges de la Liane à Boulogne-sur-Mer ont subi une érosion anormale. Les crues ont déraciné les arbres, accentué l’envasement du fleuve et apporté son lot de déchets. Un bassin nautique devenu dangereux pour l’entraînement des sportifs du club de canoë Kayak, et qui a moins de 6 mois des JO de Paris pose question sur son rôle de base arrière d’entraînement de nos futurs champions.
Elle ne cache pas son découragement Aurélie Accary. Sur son petit canot, la présidente du Boulogne Canoë Kayak BCK nous emmène découvrir son bassin d’entraînement : Un stade nautique de plus de 4 kilomètres de long dont il ne reste pas grand-chose de praticable.
"Tous nos repères ont changé, nous passons notre temps a éviter de nouvelles petites iles et à nous protéger du danger."
Si le stade nautique de la Liane s’envase régulièrement depuis quelques années, c’est avec les crues abondantes de ces derniers mois, que l’envasement s’est le plus accentué. "La montée des eaux a creusé les berges et de nombreuses iles se sont créées avec tous les sédiments qui se déposent au milieu de la Liane" explique Aurélie Acarry.
Enseignante d’EPS, elle encadre aussi la dizaine de lycéens qui compose la classe de sport étude du lycée Mariette, qui ce jour-là, a bien du mal à naviguer.
"Les inondations du mois de novembre ont fait beaucoup de dégâts sur le bassin, les bancs de vase ont grossi, se sont rapprochés des clubs. Notre distance de navigation est de plus en plus courte et les arbres se sont mis en travers après la tempête."
Chaque jour, de peur d’une montée d’eau soudaine, le bassin est vidé régulièrement. Les écluses du port de Boulogne-sur-Mer sont constamment ouvertes. Conséquence : pas assez de hauteur d’eau pour naviguer, à peine 30 cm !
Régulièrement, les séances pour les scolaires ou les clubs de loisirs s’annulent à cause de ce faible niveau d’eau. "Et puis les berges ne sont plus entretenues, les déchets du fond de la Liane réapparaissent, tout cela devient dangereux pour nos jeunes" soupire Aurélie.
Les membres du club ont bien tenté de nettoyer un peu les dégâts, mais c’était trop difficile."Quand nous avons repris nos entraînements après les inondations de novembre, ici, c’était l’apocalypse. Il y avait des déchets plastiques partout, dans les arbres qui tenaient encore debout, on ne reconnaissait pas notre bassin."
"On a alerté tout le monde, la Communauté d’Agglomération du Boulonnais, la SYMSAGEM, car nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle chute d’arbre, de berge ou de pierres."
Le club du BCK compte dans ses rangs plusieurs sélectionnés aux Jeux olympiques et des médaillés olympiques : Mathieu Goubel, William Tchamba ou encore Maxime Beaumont.
"Nous sommes un club de champions, qui forme des champions, mais nos champions vont s’entraîner ailleurs, car ici, ce n’est pas possible. Il faut que tout le monde l’entende, on ne peut pas s’entraîner sur un bassin quand une fois sur deux, on n’est pas sûr de pouvoir monter !"
Contactée, la Communauté d’Agglomération du Boulonnais rappelle que l’entretien de ce bassin nautique relève de la compétence de la Région. En tant qu’utilisateur principal, la CAB veut bien partager les frais d’entretien mais ne peut pas décider de leurs mises en place. Pas de réponse pour l’instant de la Région Hauts-de-France.
Les Jeux olympiques de Paris 2024 approchent. La ville de Boulogne-sur-Mer s’est portée candidate pour obtenir le label « Terres de Jeux 2024 », afin d’accueillir des délégations étrangères et devenir une base arrière des JO.
"Oui, oui. Nous sommes base arrière pour les JO de Paris, mais Impossible d’accueillir des nations dans ces conditions-là !" se désole Aurélie Accary.
"On réclame un desenvasement du bassin de façon rapide. Si rien ne bouge, d’ici 2 ou 3 ans, on ne pourra plus naviguer sur la Liane. À long terme, c’est la fermeture du club, des pertes d’emploi et la fin du Boulogne canoë kayak !"