À Calais, la justice a finalement prononcé un non-lieu dans l’affaire SeaFrance. La fin d’un feuilleton qui aura duré dix ans et marqué l’histoire du transmanche maritime français. Un soulagement pour Éric Vercoutre, le secrétaire général du Syndicat maritime Nord.
Son nom ne sera plus "traîné dans la boue". Après dix ans de procédure judiciaire, Éric Vercoutre peut enfin souffler. À Calais, la justice a prononcé un non-lieu dans l’affaire de la compagnie maritime SeaFrance. "C’est un sentiment de soulagement, nous sommes reconnus", a réagi le secrétaire général du Syndicat maritime Nord.
Les faits remontent à 2011. L’entreprise, alors détenue à 100% par la SNCF, est placée en liquidation judiciaire. Après le rachat en 2012 par Eurotunnel de trois navires de l’ex-SeaFrance, l’exploitation est gérée par une coopérative d’anciens salariés. À l’époque, les opérations de contestation se multiplient pour défendre la compagnie maritime. Trois ans plus tard, Eurotunnel vend deux navires au groupe danois DFDS. 1 600 personnes au total se retrouvent sans emploi.
"On nous a traités de mafiosos, de voyous"
Au cœur de la tempête, deux représentants du Syndicat – majoritaire – maritime Nord : Éric Vercoutre et Didier Cappelle, décédé depuis. En 2012, tous deux sont mis en examen pour, entre autres, abus de confiance, faux et usage de faux, escroquerie en bande organisée. Au total, une vingtaine de motifs "infondés" selon Éric Vercoutre.
"C’était une action de l’État et de la SNCF pour nous déstabiliser, avance le syndicaliste. La direction voulait faire fermer SeaFrance sur notre dos. À l’époque, on nous a traités de mafiosos, de voyous. En dix ans, ça laisse des traces, même si on avait le soutien des marins. Nous avons subi plusieurs perquisitions et gardes à vue. Ça a fait du mal à ma famille ; mon fils n’a jamais pu trouver de travail à cause de mon nom".
"Pas une victoire, mais un dû"
"C’est pas une victoire, mais un dû. Tous ceux qui ont cru en nous peuvent lever la tête". Le non-lieu prononcé par la justice, que le parquet n’a pas contesté, permet aujourd’hui à celui qui s’est toujours revendiqué comme défenseur du pavillon français à Calais, de restaurer l’image de feu Didier Cappelle. "Son honneur est lavé."