Didier Leschi, médiateur dépêché à Calais pour trouver une sortie de crise, a annoncé la création d'un sas de mise à l'abri temporaire dans la ville pour les migrants. Après une nuit, les exilés seraient conduits en bus en dehors de Calais. Hors de question lui répond la maire Natacha Bouchart.
Elle a été silencieuse depuis le début de la grève de la faim du père Philippe Demeestère et des deux militants associatifs Anaïs Vogel et Ludovic Holbein entamée le 11 octobre dernier.
Silencieuse également depuis la venue de Didier Leschi, médiateur envoyé par le ministère de l’Intérieur à Calais la semaine dernière pour tenter de trouver une issue à cette crise.
Mais Natacha Bouchart, maire Les Républicains de Calais, a décidé de réagir aujourd’hui suite à l’annonce à la presse du médiateur de l’ouverture d’un "sas" de "mise à l’abri" permettant d’accueillir temporairement 300 migrants la nuit, avant de les rediriger vers des hébergements pérennes en dehors de Calais.
Ce "sas" d’hébergement annoncé par le médiateur sera "ouvert tous les jours après les évacuations". Les personnes qui s’y rendront chaque soir "seront orientées vers les hébergements pérennes en dehors de Calais" le lendemain matin.
"Il n’y aura pas de mise à l’abri directement à Calais"
"C’est hors de question, explique-t-elle. Je m’y oppose, d’autant plus que nous n’avons aucun lieu adapté".
Après avoir été mise au courant de l’annonce d’ouverture de ce "sas" par voie de presse, l’édile s’est "longuement" entretenue avec le préfet du Pas-de-Calais, qui lui a assuré que "le dispositif de mise à l’abri qui existait cette année serait le même que celui de l’année dernière".
"il n’y aura pas de mise à l’abri directement à Calais et pas 300 places de mobilisées pour ces mises à l’abri".
Alors elle l'affirme : "il n’y aura pas de mise à l’abri directement à Calais et pas 300 places de mobilisées pour ces mises à l’abri".
Aucun contact entre la maire et le médiateur
Depuis l’arrivée du médiateur Didier Leschi à Calais la semaine dernière, aucun échange n’a eu lieu avec la maire de la ville. "On a des médiateurs qui arrivent de l’extérieur, qui ne connaissent pas le fond du problème et la méthodologie qui malheureusement s’engage derrière toutes ces difficultés humanitaires", dénonce-t-elle.
"On a des médiateurs qui arrivent de l’extérieur, qui ne connaissent pas le fond du problème".
Selon Natacha Bouchart, l’annonce de l’ouverture du "sas" en est le parfait exemple. "Peut-être qu’il ne connait pas suffisamment le sujet calaisien et qu’il ignore que s’il y a malheureusement un lieu qui se crée avec 300 personnes, on va recréer les conditions de la lande, de la jungle". Avant de poursuivre. "Si on recrée un lieu, on refait l’appel d’air et on a suffisamment été éprouvés, les calaisiens et les migrants eux-mêmes, de ces formes de dispositifs".
La maire adresse un message aux grévistes
Lors de notre échange téléphonique, nous avons également interrogé la maire de Calais sur la situation des trois grévistes de la faim qui ont entamé leur 24ème jour d’action aujourd’hui.
Elle explique son silence. "Si je ne me suis pas rendue sur place, c’est parce que je n’ai pas voulu envenimer leur action, qui est une action humanitaire qu’on appelle un buzz médiatique. Mon rôle est plutôt d’essayer d’apaiser les choses".
Natacha Bouchart tacle également au passage certains militants associatifs "jeunes et radicalisés", qui "viennent s’exciter" autour des trois grévistes. "Je conseille aux grévistes de la faim de se faire entourer de personnes bienveillantes et pas de personnes qui viennent les renforcer dans leurs convictions", a-t-elle déclaré, rappelant toutefois que "ce n’est pas le rôle de la maire de gérer cette problématique".