Le collectif Faim aux frontières, dont les militants terminaient en novembre une grève de la faim de 38 jours en soutien aux réfugiés de Calais, lance une nouvelle action. Tous les jours, en face de l'hôtel de ville de Calais, des militants se relaieront pour dénoncer le sort réservé aux exilés.
"Dans une ville où les personnes exilées sont invisibilisées, nous avons décidé de les rendre visibles en occupant la place du Soldat inconnu devant l’hôtel de ville", déclarent-ils dans un communiqué. A Calais, le collectif de soutien aux réfugiés reprend du service. En octobre 2021, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein avaient fait connaître leur combat dans les médias du monde entier, en enchaînant 38 jours de grève de la faim en soutien aux exilés du littoral. Leur compagnon de lutte, le père Philippe Demeestère, 72 ans, avait dû renoncer après 3 semaines de privation.
A Calais, des conditions de vie toujours dégradées
Les revendications du collectif n'ont pas changé, depuis la médiation infructueuse tentée par le gouvernement. Ils demandent la suspension des expulsions et des démantèlements de campements au moins durant la trêve hivernale. Ils réclament également l'arrêt de la confiscation des tentes et effets personnels, et l'ouverture d'un dialogue avec l'Etat sur la distribution des biens de première nécessité.
Les conditions de vie des réfugiés de Calais ont été documentées par Human Right Watch, qui parle d'une "stratégie de détresse infligée aux enfants et aux adultes". L'ONG dénonce "les opérations répétées d’expulsion massive, le harcèlement policier quasi quotidien et les restrictions pesant sur la délivrance d’aide humanitaire et sur l’accès à cette aide".
Depuis la publication de ce rapport, la situation est loin de s'être apaisée sur place, comme le constatent quotidiennement les professionnels et associatifs présents. Ce 15 janvier au matin, un jeune de homme de 17 ans a été retrouvé mort, après avoir tenté de monter dans un camion, sans doute pour tenter le passage vers le Royaume-Uni.
Ainsi, avec sa nouvelle action, le collectif Faim aux frontières veut de nouveau "faire corps avec les corps humiliés". "Iels ne peuvent pas recevoir de nourriture, nous cessons de nous alimenter ; iels ne peuvent recevoir de boissons, nous cessons de nous abreuver" écrivent les instigateurs du mouvement.
"Plein de gens ne veulent pas accepter la situation"
Chaque jour, de 8h à 22h, les citoyens volontaires sont invités à se relayer pour pouvoir faire durer une présence symbolique sur la place du Soldat inconnu. "L'idée, c'est qu'il y ait tout le temps quelqu'un devant la mairie. Les occupants peuvent prendre des créneaux de la durée qu'ils souhaitent. Ça dépend des disponibilités, et aussi des capacités, parce qu'il gèle en ce moment à Calais, et l'exercice n'est pas évident" détaille la militante associative Anaïs Vogel.
"Les autres objectifs, en étant présents sur cette place centrale, c'est d'instaurer un dialogue, d'ouvrir le débat avec les Calaisiens, et aussi de montrer la pluralité des soutiens aux réfugiés. Plein de gens ne veulent pas accepter la situation et les politiques qui sont menées à Calais" complète Ludovic Holbein, fort du soutien massif reçu lors de leur grève de la faim. L'action a commencé ce 15 janvier au matin et, avec les volontaires qui se sont déjà présentés, est assurée de durer au moins jusqu'au mardi 18, en attendant plus d'inscriptions.
Les militants ont dores et déjà décidé de faire une concession à leur présence permanente sous l'hôtel de ville. Ils continueront de se rendre aux rassemblements commémoratifs, des "moments forts" de recueillement, organisés place Richelieu à chaque nouveau décès à la frontière. Ce sera le cas ce 15 janvier, en hommage au jeune homme de 17 ans décédé sous un camion.