Président de la commission d'enquête parlementaire sur les migrations, qui sort son rapport ce 17 novembre, Sébastien Nadot est revenu sur la situation de Calais. Il juge sévèrement l'action de l'Etat.
En octobre 2021, l'association pour les droits de l'Homme Human Right Watchs constatait dans une enquête "une humiliation et un harcèlement quotidiens" des exilés installés sur le littoral. Les députés vont encore plus loin.
Le texte n'est pas encore sorti, mais on sait déjà que la commission d'enquête parlementaire sur les migrations n'a pas mâché ses mots dans son rapport à paraître le 17 novembre. Sébastien Nadot, ex-député LREM désormais membre du groupe Libertés et Territoires est président de cette commission. Il s'est exprimé sur France Info et est revenu sur la notion de "maltraitance d'Etat" développée dans l'enquête.
A Calais, les droits de l'Homme "bafoués depuis des années"
"Lorsque les lois fondamentales de la République ne sont pas respectées dans notre pays, de quoi peut-on parler d'autre ? Ces personnes ont des droits qui s'appellent des droits fondamentaux : le droit à un hébergement, le droit à être alimenté, le droit à accéder à des premiers soins, le droit à l'éducation. Tous ces droits fondamentaux sont bafoués depuis des années à Calais" affirme sans hésitation l'élu de Haute-Garonne.
Comme les associations sur place, il a regretté le décalage entre le discours du médiateur Didier Leschi, dépêché pour trouver une issue à la grève de la faim d'Anaïs Vogel et Ludovic Holstein, et l'urgence de la situation.
Le journaliste indépendant Louis Witter est basé de manière permanente à Calais.
178 millions par an, pour quel résultat ?
L'ex-député LREM juge sévèrement le discours de l'Etat, et rejette tout autant le discours tenu sur les "mises à l'abri" que les incessants démantèlement. Pour lui, l'obsession de ne pas voir se reconstituer l'ancienne "jungle" est illusoire. "Il faudrait prendre conscience dans ce pays que la jungle de Calais n'a pas été démantelée. Elle a été disséminée, c'est-à-dire que les gens ont été répartis par petits îlots à Calais, autour de Calais." Les conditions de vie des exilés, elles, ne se sont pas améliorées.
Sébastien Nadot a aussi évoqué l'une des pistes d'action du rapport : réattribuer les 178 millions d'euros annuels investis contre l'immigration clandestine sur le littoral pour créer un système d'accueil plus humain, et plus efficace. "Est-ce qu'on ne pourrait pas avec cette somme commencer par parer à l'urgence ? C'est une question de priorité politique. (...) On ne s'attaque pas aux causes, au problème de l'immigration dans ce pays depuis des années."