Calais : une exposition sur l’ascension du street art

L’exposition de street art « Conquête urbaine » ouvre ses portes aujourd’hui au musée des Beaux-Arts de Calais. Plus de soixante œuvres sont l’affiche pour revenir sur les origines et l’évolution de cet art, longtemps illicite.
 

Longtemps "illicite, en marge", le street art a conquis la ville et le public. Il a désormais sa place au musée des BeauxArts de Calais. Une exposition revient sur les origines et l’évolution de ce mouvement incontournable, inscrit dans l’art contemporain.

Jusqu’au 3 novembre, les visiteurs peuvent découvrir une soixantaine d’œuvres exposées, des « précurseurs » des années 1960 aux « jeunes créateurs aujourd’hui ». Parmi les collections, plusieurs grands noms comme Banksy, Keith Haring ou Ernest Pignon-Ernest.

Pour l'ouverture de l'exposition aujourd'hui, une nocturne est prévue de 18h à 21h. A l'extérieur du musée, les street artistes calaisiens se sont emparés des cubes de libre-expression pour réaliser des pochoirs, collages et des graffitis.

 

"Depuis plusieurs décennies, l’art urbain est extrêmement prégnant dans nos vies et pourtant on le connaît mal ! Les institutions publics l’ont longtemps ignoré, il y a un vrai déficit de connaissance" à combler, expliquait Anne-Claire Laronde, directrice du musée des Beaux-Arts, lors de la présentation de l’exposition jeudi.

 

"Les lois de la rue"

Ces artistes, longtemps chassés et criminalisés par les pouvoirs publics sont "avant tout des artistes contemporains avec chacun leur démarche et leur style qui ont pour point commun d’être descendus dans la rue et d’avoir offert leur art au public", juge Gauthier Jourdain, le collectionneur et co-commissaire de l’exposition.

Le musée des Beaux-Arts a choisi d’exposer uniquement des pièces créées en atelier pour "déconstruire les clichés". L’exposition dévoile d’abord les "lois de la rue".

Caractère illégal et éphémère de l'oeuvre, rapidité d'exécution, supports souvent bruts : la rue impose à l'artiste des contraintes, techniques et outils, comme les marqueurs et bombes aérosols, ou autres pochoirs et collages, qui constituent un univers.

 

L’exposition remonte aussi aux sources du street art et particulièrement le graffiti. Elle revient sur les pionniers de cette technique, qui l’ont fait essaimer sur les murs et métros américains à la fin des années 1960 :  Cornbread, à Philadelphie, Taki183 à New York, et autres "gamins désoeuvrés qui cherchaient à exister", explique Gauthier Jourdain. Avec Seen, Futura ou Phase 2, "ces écritures urbaines vont évoluer, glisser vers la typographie, la calligraphie, et même l’abstention".

Une oeuvre contestataire


Le street art est aussi contestataire. Une série d’œuvres aborde la crise des réfugiés, l’altermondialisme ou la lutte contre le réchauffement climatique, comme l’appel à la paix de Shepard Fairey, un drapeau américain de grillage et de fer créé par des artistes iraniens ou un détournement antisystème de Banksy.

L’exposition aborde enfin le caractère "populaire" du street art, qui revisite culture de masse, publicité, cinéma ou jeu vidéo convoquant les aliens en mosaïque d'Invaders, largement popularisés par internet, ou les icônes de mode défigurées à l'acide par Vermibus.

Collés sur une planche de bois et à taille réelle, des acteurs ou musiciens célèbres peuvent aussi "se fondre dans la foule des anonymes" et être ramenés "à leur statut d'être humain", explique l'artiste Jeff aérosol devant son travail. Deux oeuvres créées "in situ" sur le grand escalier et près de l'accueil du musée complètent le parcours.

"Aujourd'hui, les street artistes sont invités par les villes, les institutions investissent légalement l'espace public, ce qui est une grande victoire !", se réjouit Gautier Jourdain. "Mais les collections publiques doivent réellement s'en emparer", estime-t-il, "car ce qu'ils faisaient sur les murs hier sera patrimoine demain".

 
Infos pratiques
Exposition du 6 avril au 3 novembre 2019.
Musée des Beaux-Arts, 25 rue Richelieu, 62100 Calais
Du mardi au dimanche de 13h à 18h
Tarifs : 4 euros (3 euros en tarif réduit) pour l'exposition "Conquête Urbaine" et les collections permanentes
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