Le préfet a annoncé, dans le cadre du "Plan Grand Froid", 85 places d'hébergement réservées aux mineurs non accompagnés dans le Calaisis. Un nombre insuffisant pour les associations, qui s'en remettent au département.
Un collectif d'une quinzaine d'associations œuvrant auprès des migrants de Calais – dont l'Auberge des Migrants, Salam, Emmaüs, Médecins du Monde ou la Fondation Abbé Pierre – a adressé jeudi une lettre ouverte au département.
Cette lettre, également transmise au préfet du Pas-de-Calais Fabien Sudry et au Défenseur des droits, énonce les "vives préoccupations" des associations "concernant la situation des mineurs isolés sur le Calaisis", peut-on y lire.
#Calais Plan Grand Froid activé pour 3 jours à partir de ce soir ! Merci #Prefet62, un peu d'humanité...#GrandeSynthe les familles sont hébergées par la mairie.
— Auberge des Migrants (@AubergeMigrants) 12 décembre 2018
Les hommes seuls et les mineurs restent dormir dehors.
Pas de plan grand froid ici, que faites vous #Prefet59 ?! pic.twitter.com/YYfBY1CkhW
Les associations estiment que les places d'hébergement d'urgence mises à disposition "restent cependant bien en-deçà des besoins et d'une prise en charge adaptée à la vulnérabilité des mineurs isolés dans le Calaisis".
Des "mineurs considérés comme des adultes"
Surtout, "les mineurs sont remis à la rue le matin" précise Maxime Rochas, travailleur associatif et coauteur de la lettre. "Ces mineurs sont considérés comme des adultes."
Le bénévole regrette que le département soit absent de ce dispositif de mise à l'abri, alors que "la protection de l'enfance dépend du département." Et d'ajouter : "On compense l'absence du département, mais on n'en a ni les moyens, ni les compétences."
"Pour beaucoup, ce sont des mineurs en errance depuis des années" souligne-t-il. Des jeunes en grande souffrance qui doivent attendre plusieurs jours afin d'avoir accès à un hébergement (qui leur est parfois refusé, faute de place).
Les refus d'hébergement en chiffres
La lettre ouverte au département du Pas-de-Calais fournit quelques chiffres, sur la base des signalements qui ont été transmis aux associations : "De juin 2018 à aujourd'hui, le Refugee Youth Service a transmis 378 Informations Préoccupantes (IP) concernant des mineurs non accompagnés, à la rue, en danger sur le territoire". D'autant plus que les "associations qui accompagnent les mineurs isolés étrangers à la rue reconnaissent avoir été témoins de 161 refus d'hébergement de mineurs."
Il y a par exemple cette situation, datée du 16 octobre dernier, quand "12 mineurs non accompagnés se sont vus refuser l'accès à un hébergement d’urgence. Deux d’entre eux étaient en situation d’extrême vulnérabilité, à savoir un mineur en situation de handicap et un mineur âgé de 13 ans . Ils ont été contraints d’attendre plusieurs jours avant d’être mis à l’abri."
Cas de tuberculose et violences policières
Les associations recensent par ailleurs 53 hospitalisations de mineurs, dont 28 selon leur témoignage sont dues à leurs conditions de vie (accidents lors de tentatives de passage, maladies, etc.), 5 concernaient des violences extérieurs (communautaire ou d'origine raciste) ou encore 2 pour des cas avérés de tuberculose."Enfin, 10 signalements de situations de mineurs en danger, victimes de violences policières ont été transmis au Procureur de la République et au Département" précise le courrier.
Des revendications
Une fois ces inquiétudes et ces chiffres exposés, le collectif d'association demande "la création d'un accueil de jour", l'ouverture d'un "dispositif de mise à l'abri pour les mineurs isolés avec un nombre de places suffisantes", la mise en place d'un "réel accompagnement social et éducatif auprès des mineurs à la rue".Mais les associations réclament surtout "le respect de la présomption de minorité", peu respectée selon les elles par les forces de l'ordre vis-à-vis des migrants se déclarant mineurs.