La nuit de samedi à dimanche a une nouvelle fois été très tendue à Calais en Gilets Jaunes et CRS. Forces de l'ordre et manifestants se renvoient la responsabilité dans cette escalade de la violence.
Pour la deuxième nuit consécutive, Gilets Jaunes et CRS se sont affrontés à Calais autour du rond-point de la Rivière Neuve, situé à proximité de la sortie n°43 de l'autoroute A16.
La violence semble même avoir franchi un cran. Aux tirs de grenades lacrymogènes censés éloigner les Gilets Jaunes de l'autoroute, certains manifestants ont répliqué par des jets de projectiles pour tenir leurs positions. Ce dimanche matin, la préfecture du Pas-de-Calais - qui a dénombré "350 à 400 individus très agressifs" - fait officiellement état de deux CRS et un gendarme légèrement blessés, ainsi que d'un CRS grièvement blessé au visage. Le magasin Jardiland, situé à proximité du rond-point, a subi des dégradations et des vols. Selon la direction, du matériel de jardinage, des palettes en bois et des sapins de Noël naturels ont été dérobés.
Fabien Sudry, préfet du Pas-de-Calais, condamne "avec la plus grande fermeté ces comportements envers les forces de l'ordre mobilisées afin d'assurer la sécurité de tous, y compris celle des manifestants", indique son cabinet. Quatre manifestants ont été interpellés.
"Inadmissible" pour les syndicats de police
"On voulait casser du flic, c’était ça, la nuit dernière, les Gilets Jaunes ou pseudo Gilets Jaunes", s'indigne Gilles Debove, permanent calaisien du syndicat Unité SGP Police FO. "C’est inadmissible. On avait affaire à des voyous, c’est intolérable. C'était de la folie. Un pugilat hyper violent. Il va vraiment falloir qu'on mette des moyens pour les prochaines nuits". Le syndicaliste a notamment suivi les réseaux sociaux et les vidéos en direct ("live") diffusées par des manifestants sur Facebook. "Ils viennent équipés, avec masque de protection, lunettes de plongée. Equipés pour aller casser du flic", déplore-t-il. "Le pire c’est qu’ils embrigadent des gens qui viennent là pour suivre le mouvement, qui ne se rendent pas compte de la gravité de leurs actes". Selon lui, les éléments les plus violents ne sont pas nécessairement de Calais. "D'après un de mes collègues présents sur place, l'ambiance était bon enfant au départ, ça a commencé à dégénérer quand des gens sont arrivés de Grande-Synthe et de Dunkerque".Gilets Jaunes Calais : Inadmissible hier soir De nombreux blessés chez les Gendarmes, Policiers de la Sécurité Publique et les CRS dont 1 avec déclenchement du SMUR (perte de connaissance) touché par des jets divers, dont boules de pétanque. Bon rétablissement à nos collègues.
— UNSA Police CRS Hauts de France (@unsadh) 25 novembre 2018
"Inadmissible hier soir, de nombreux blessés chez les Gendarmes, Policiers de la Sécurité Publique et les CRS dont un avec déclenchement du SMUR (perte de connaissance) touché par des jets divers, dont boules de pétanque", s'indigne également sur Twitter le syndicat UNSA Police CRS Hauts-de-France.
Des Gilets Jaunes dénoncent des violences policières
Sur les réseaux sociaux, les Gilets Jaunes dénoncent, eux, les violences policières, l'usage des grenades lacrymogènes mais aussi les tirs de flashball. "On est traité comme du bétail", s'indigne Laura, une Calaisienne dont le compagnon, Jérôme, a été hospitalisé dans la nuit de vendredi à samedi, après avoir été blessé par un tir de flashball, alors qu'ils se trouvaient tous deux avec les Gilets Jaunes sur le rond-point de la Rivière Neuve. "Il a eu un tendon arraché au-dessus de la main et huit points de suture, avec quatre à six semaines de plâtre", décrit-elle. "Il a encore rendez-vous dans trois semaines avec le chirurgien."
"Vendredi soir, on est arrivé vers 20h, on s’est garé près du Jardiland", explique-t-elle. "Des motards de Boulogne sont arrivés et une heure après, bing ! Les CRS étaient entre l’autoroute et le rond point. La violence des CRS était choquante. Pourtant avant 21h, c'était calme". La jeune femme affirme qu'elle déposera une plainte, avec son compagnon, ce lundi.