Plusieurs associations d'aide aux migrants de Calais ont annoncé vendredi boycotter à l'avenir les réunions organisées par la préfecture afin de protester contre la "dégradation" de la situation ces dernières semaines.
"Jusque-là on avait juste refusé de rencontrer Macron en janvier quand il est venu à Calais, sinon on a participé à toutes les réunions", a souligné auprès François Guennoc, de l'Auberge des migrants, l'une des trois associations signataires. Médecins du Monde et Salam avaient déjà cessé de
venir.
"Mais les arrestations déloyales de marcheurs a été la goutte d'eau qui fait déborder le vase", a-t-il ajouté. Il faisait ainsi référence à l'interpellation de cinq migrants, le 7 juillet à Calais, qui participaient à une "Marche solidaire" reliant Vintimille (Italie) à Douvres (Grande-Bretagne).
Selon M. Guennoc, trois d'entre eux ont été libérés des centres de rétention où ils avaient été placés, un autre allait être renvoyé en Belgique où ses empreintes avaient été enregistrées en vertu de l'accord de Dublin et un dernier va être renvoyé au Mali.
L'Auberge des Migrants, le Secours Catholique à Calais et Utopia 56 ont adressé un courrier au préfet du Pas-de-Calais pour dénoncer "une situation dégradée ces dernières semaines".
Ils soulignent notamment :
- une "insuffisance de l'accès à l'eau"
- une "insuffisance voire inexistence actuelle du dispositif d'information aux mineurs",
- "pas ou pas assez de traducteurs"
- une "insuffisance des informations sur les départs vers les centres d'accueil"
- des "violences policières persistantes".
Le préfet "surpris"
Le préfet s'est dit "surpris de ce refus de participer", assurant que les "échanges avec les associations ont d'ailleurs permis de faire évoluer positivement le dispositif humanitaire piloté par l'État sur plusieurs aspects concrets" (maraudes, points d'eau).
"Quant aux interpellations d'étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-britannique le 8 juillet 2018, elles viennent d'être reconnues comme loyales par la Cour d'appel de Douai", a-t-il ajouté dans une réponse écrite adressée à l'AFP, affirmant que "l'État assure un socle humanitaire complet
à destination de la population migrante" (distribution de repas, consultations médicales gratuites).
"L'Office français pour l'immigration et l'intégration (OFII) et les associations Audasse et France Terre d'Asile sillonnent le territoire calaisien à la rencontre des personnes migrantes pour leur fournir, dans leurs principales langues maternelles, des informations fiables sur leurs droits et sur le socle humanitaire", précise-t-il.
La préfecture estime qu'entre 350 et 400 migrants vivent à Calais, les associations parlent de 600 à 700 personnes.