La région des Hauts-de-France a réclamé ce lundi le remboursement d'aides attribuées au groupe de chimie Huntsman, qui a annoncé vendredi la fermeture de son usine Tioxide de Calais.
"Votre départ entraînera automatiquement une reconsidération de tous les précédents engagements contractuels conclus entre Huntsman et la région", ont écrit Xavier Bertrand (LR) président de la région Hauts-de-France et Natacha Bouchart vice-présidente de la région et maire (LR) de Calais, dans une lettre adressée à Simon Turnet président du groupe Huntsman Pigments.
La région rappelle qu'une délibération avait été votée en 2011 concernant une aide à hauteur de 500 000 euros pour une unité de production d'engrais ainsi qu'un émissaire en mer - sorte de gros tuyaux pour le rejet en mer d'effluents de l'usine - qui avait coûté plus de dix millions d'euros à la région, construit en 2015. Aussi, la région "demandera à récupérer toutes les sommes indument perçues par votre groupe dans la mesure où vous quittez le territoire régional", poursuit Xavier Bertand dans une lettre rendue publique.
"Les contribuables auront payé un tuyau qui n'aura duré que quelques mois"
Cependant, l'exécutif précédent de la région Nord/Pas-de-Calais, socialiste, "n'avait pas prévu à l'époque une clause qui conditionnait l'infrastructure au maintien de l'emploi sur une période de cinq à dix ans", a précisé le cabinet de Xavier Bertrand. Mais le combat pour récupérer les fonds n'est pas pour autant perdu d'avance, veut-on croire. "On peut jouer sur d'autres éléments, quand on est dans une relation contractuelle il y a tout un champ qui s'appelle l'intention affichée ou dissimulée. Ça nécessite un vrai travail juridique", a-t-on ajouté de même source."Je crois que malheureusement les contribuables de la région des Hauts-de-France auront payé un tuyau à 11,4 millions qui n'aura duré que quelques mois", a confié Pascal Duquenne, délégué syndical de la CFE-CGC Chimie. Le groupe de chimie Huntsman, présent dans 30 pays et revendiquant 15 000 salariés dans le monde, a annoncé la fermeture au troisième trimestre 2017 de son usine Tioxide de Calais, entraînant la suppression de 108 emplois.D'après M. Duquenne, 150 personnes avaient déjà été licenciées en 2015 dans cette usine située à proximité de l'ex-"Jungle" de Calais. Le site calaisien, en activité depuis 40 ans, avait employé jusqu'à 650 personnes.