Le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) a relaxé un bénévole britannique venant en aide aux migrants à Calais qui était poursuivi pour outrage et violence envers un policier, a-t-on appris auprès des avocats du prévenu et de source judiciaire.
Le parquet avait requis quatre mois de prison avec sursis. Le jugement a été rendu jeudi. Le 31 juillet 2018, une patrouille de la CRS 40 se rend sur un rond-point en contre-bas de la rocade de Calais et demande aux migrants de partir pour que les services de la ville nettoient sous le pont.
Selon le procès verbal dressé par le brigadier-chef, ils sont alors rejoints par des bénévoles anglais "véhéments" à l'encontre des force de l'ordre. Tom Ciotkowski, 30 ans, le "repousse fermement au niveau de la poitrine", selon la version du CRS, et traite de "bitch-bastard" ce policier qui, dans un réflexe de défense, le repousse à son tour.
Le prévenu tombe alors à la renverse par dessus la glissière de sécurité, entraînant dans sa chute le policier, affirment également deux autres CRS de la même compagnie. Une version contestée par la défense, soutenue par Amnesty international.
Le prévenu affirme lui être descendu d'un fourgon de l'association Help Refugees lorsqu'il a vu d'autres bénévoles, qu'il dit ne pas connaître, contrôlés par des CRS. "Les CRS sont venus vers nous. L'un d'eux a donné un coup de pied à un bénévole, je filmais à distance et j'ai dit "c'est illégal" (...) Je lui ai demandé son matricule, que j'ai lu à haute voix", a raconté cet employé municipal lors de l'audience le 13 juin. "Il m'a repoussé en arrière et je suis tombé."
Tom Ciotkowski, bénévole à Calais, a filmé des violences policières. Il a lui-même été poussé violemment par un CRS par dessus une glissière de sécurité, échappant de peu à un camion qui passait.
— David Perrotin (@davidperrotin) 15 mai 2019
Il est auj poursuivi pour... outrage et violenceshttps://t.co/1GEth4Fxs7 pic.twitter.com/x02FtiIKsT
"Je suis extrêmement soulagé et reconnaissant que la juge ait pris une décision juste et que mon innocence ait été prouvée. Cependant, je continue de déplorer que l'on m'ait mis dans cette situation sur la base de fausses accusations", a réagi Tom Ciotkowski, cité dans un communiqué d'Amnesty International.
"Nous nous réjouissons de cette décision d'un magistrat indépendant qui met en échec la tentative de criminalisation d'un aidant", ont déclaré ses avocats William Bourdon et Apolline Cagnat. M. Ciotkowski a déposé plainte le 7 mai contre le brigadier-chef pour violences volontaires, faux en écriture publique et dénonciation calomnieuse, et pour faux contre les deux autres CRS.
Le parquet a saisi l'Inspection générale de la police nationale, qui doit rendre ses conclusions d'ici la fin de l'année.