Ce que l'on sait de l'affrontement entre migrants et policiers à Calais

Ce jeudi 30 décembre, une opération de démantèlement d'un camp de migrants par la police a dégénéré et s'est terminée par l'échange de projectiles. Le préfet dénonce "l'agressivité des migrants" alors que les associations jugent que la tension est montée à cause du comportement des policiers.

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Des affrontements ont eu lieu ce 30 décembre dans la matinée entre des migrants et des policiers à Calais et à Marck, notamment rue de Normandie. Sur une vidéo transmise par des migrants sur place, le sol de la rue est jonché de projectiles : pierres, pavés et emballages de gaz lacrymogène.

durée de la vidéo : 00h00mn12s
A Calais, le 30 décembre ©DR

Selon les associations présentes sur place, une dizaine de vans de CRS accompagnée de quatre véhicules de gendarmes ont été dépêchés sur place pour procéder au démantèlement d'un camp de migrants dès 8h45 dans la zone. Ce nombre est jugé inhabituellement important pour une opération de ce type selon les connaisseurs du sujet.

Lors de cette opération, la tension serait montée rapidement. "Ces dernières semaines, lorsqu'une opération similaire était menée, les personnes étaient libres de partir avec leur tentes. Mais aujourd'hui les CRS ont saisi 32 tentes, sans possibilité pour les migrants de les récupérer", assure un membre de l'Auberge des migrants. Emma, coordinatrice terrain de l'association Human Rights Observer, et présente sur place, décrit la même scène : "les exilés n'ont pas été autorisés à prendre leurs effets personnels, un comportement sans base légale, et ont été chassés par les policiers", ajoutant ne sachant pas qui a jeté le premier projectile.

Quinze policiers blessés

Rapidement, vers 9h30, les migrants et les policiers s'échangeaient donc des cailloux contre des gaz lacrymogènes et des LBD. Les tensions auraient pris fin vers 11h30. 3 blessés pris en charge à l'hôpital seraient à déplorer du côté des exilés: "l'un d'entre eux avait une main tordue et un autre avait une cuisse qui a doublé de volume", témoigne le même membre de l'Auberge des migrants. Contactée, la préfecture du Pas-de-Calais nous a confirmé le nombre de blessés. 

Aussi, dans un communiqué, le préfet du Pas-de-Calais a tenu à apporter "son soutien total aux policiers et aux gendarmes blessés". Ils seraient une quinzaine dans ce cas. Le syndicat UNSA Police a également communiqué le même chiffre sur les réseaux sociaux, en postant des photos de tibias écorchés de policiers.

Sur la responsabilité des violences, la version du préfet est très différente de celle des associations : selon lui, une centaine de migrants "faisant preuve d'une très grande agressivité" ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre présentes lors d'une habituelle opération de démantèlement, les policiers ne faisant que riposter.

Il y a quelques semaines, le ministre de l'Intérieur avait assuré que lors des démantèlements, les tentes des migrants ne seraient plus lacérées comme c'était le cas à Grande-Synthe (Nord). Les faits étaient commis par une société de nettoyage employée par l'Etat et encadrée par les forces de l'ordre. Il avait également assuré qu'un système serait mis en place pour que les migrants puissent récupérer leurs effets personnels lorsqu'ils étaient confisqués pendant les démantèlements. 

 Ces démantèlements sont présentés comme indispensables par les services de l'Etat pour "éviter la reconstitution d’un important campement insalubre et de soustraire les personnes migrantes des réseaux mafieux de passeurs qui les incitent à traverser la Manche au péril de leur vie".

Cette année a été marquée par la mort de 27 migrants le 24 novembre alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Angleterre en bateau. 

 

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