Fermeture de Prysmian-Draka : "10 000 euros, c'est se foutre du monde", les salariés bloquent l'accès à l'usine pour demander de meilleures indemnités de licenciement

Les salariés de l'usine Draka-Comteq de Calais se sont symboliquement mobilisés devant leur site, à l'arrêt depuis novembre 2023, pour montrer leur désaccord avec les indemnités supra-légales annoncées par leur direction ce mercredi. Celles-ci sont établies à 10 000 euros par individu. Les syndicats en demandent 100 000.

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Certains n'ont pas dormi de la nuit, pétris d'incertitude concernant leur avenir. Malgré tout, les 82 salariés de l'usine Draka-Comteq de Calais ont presque tous répondu présent ce jeudi 22 février, devant les portes du site.

En novembre 2023, à la surprise générale, Prysmian-Draka avait annoncé la fermeture de leur usine, spécialisée en production de câbles numériques, pour février 2024. Depuis, l'intérieur de l'établissement du Calaisis est à l'arrêt. Seules quelques caisses de câbles produits en Roumanie circulent toujours sur le site, mais à l'extérieur.

La mobilisation de ce jeudi est donc purement symbolique : les grilles sont bloquées, tout comme les négociations avec la direction, qui semblent patiner depuis la réunion de ce mercredi, la dernière en date.

Une indemnité supra-légale insuffisante

C'est sous les applaudissements que les représentants de Prysmian-Draka sont arrivés mercredi, pour évoquer le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) avec la délégation syndicale. Des applaudissements amers et sarcastiques qui ont précédé une réunion aux multiples interruptions, "un ascenseur émotionnel interminable" selon Sophie Agneray, fondatrice d'un collectif de femmes de salariés de Prysmian-Draka.

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Une négociation éprouvante, dont l'issue a fini d'achever les salariés : contrairement aux 100 000 euros d'indemnité supra-légale demandés par les syndicats pour chaque salarié, associés à une prime de 3 000 euros par année d'ancienneté, la direction a octroyé une indemnité de 9 995 euros par tête. "C'est se foutre du monde", s'exclame Grégory Agneray, délégué DSC-CGT Draka-Comteq France. 

"Leur proposition de 10 000 on la prend comme une blague. Quand on se dit numéro 1 mondial du câble, on respecte au moins ses salariés. Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse avec 10 000 euros ?" Pourtant jusqu'à présent, les négociations "se passaient plutôt pas mal" selon Maître Ducrocq, avocat des salariés. "Puis sur la fin on est face à un bug, j'espère juste qu'il ne s'agit pas d'un mur."

Sur la fin des négociations on est face à un bug, j'espère juste qu'il ne s'agit pas d'un mur.

Maître Ducrocq, avocat des salariés

Les salariés de plus de 50 ans, dans l'incertitude

La moyenne d'âge des salariés de Draka-Comteq est de 53 ans. Grégory Agneray l'affirme : "Quand les salariés de plus de 50 ans, passent des entretiens on leur dit qu’ils sont trop vieux." Difficile alors pour la plupart des salariés visés par le licenciement général de retrouver du travail. D'où l'importance de négocier une indemnité supra-légale "suffisante".

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"Hier on s’est pris une grosse claque quand on a appris ce qu’ils nous proposaient comme prime. Avec l’ancienneté et ce qu’on a produit je pense qu’on méritait plus que ça.Francis Fasquelle, salarié polyvalent, a 35 ans d'ancienneté chez Prysmian-Draka. Comme négocié dans le pan social du PSE, une trentaine de salariés devrait pouvoir toucher la préretraite ou un reclassement. Francis en fait partie, mais ne s'en réjouit pas pour autant : "Au final on va laisser beaucoup d’argent et puis on a quand même un préjudice moral. Après toutes les années de loyaux services on va se retrouver sur la paille."

"Au final on va laisser beaucoup d’argent et puis on a quand même un préjudice moral. Après toutes les années de loyaux services on va se retrouver sur la paille."

Francis Fasquelle, salarié polyvalent

Prochaine étape dans ce dossier : le passage du PSE devant la DREETS (Directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités) des Hauts-de-France, fin février. "La délégation est toujours dans la négociation. Mais s'il faut aller au tribunal, on ira au tribunal", achève Sophie Agneray, la voix emplie de colère.

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