Happy End, la comédie glaçante d'Haneke tournée à Calais sort en salles mercredi

La dernière comédie du réalisateur plusieurs fois primé Michael Haneke, qui prend Calais pour toile de fond, dénonce l'indifférence généralisée et le manque d'empathie de nos sociétés occidentales. Sortie en salles mercredi. 

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Les Calaisiens doivent s'en souvenir : le tournage du film avait mobilisé 300 figurants l'année dernière dans la région du Calaisis. La nouvelle comédie glaçante de Michael Haneke, qui sort en salle mercredi, fait pénétrer le spectateur dans l'intimité policée d'une famille bourgeoise de Calais. 


"J'ai voulu tous nous critiquer" 


Le réalisateur renoue avec ses thèmes fétiches dans ce film qui jette un regard désabusé sur une société de l'individu et de l'écran. "C'est un film sur notre indifférence vis-à-vis de l'Autre dans tous les sens du terme. J'ai voulu tous nous critiquer, moi aussi, tout le monde, sur notre façon d'être sans empathie", a précisé le réalisateur deux fois primé à Cannes. 


Il y met en scène une bourgeoisie aveugle et sourde à la souffrance qui l'entoure. Dans la famille cohabitent le grand-père suicidaire (Jean-Louis Trintignant), sa fille Anne qui gère d'une main de fer les affaires de la famille (Isabelle Huppert), Thomas, son fils médecin, incapable d'émotions (Mathieu Kassovitz), et sa petite-fille Eve (Fantine Harduin). C'est l'arrivée soudaine de cette dernière qui chamboule le quotidien lissé de la famille. 

"Un instantané d'une famille bourgeoise européenne"


"Je voulais raconter une famille avec des histoires quotidiennes. A part la petite fille (qui utilise les réseaux sociaux pour confier qu'elle veut empoisonner sa mère, ndlr), tout le reste correspond à des comportements que je vois tout le temps. On se trompe, on cherche son petit avantage, ce sont des banalités qu'on voit tous les jours", a expliqué Michael Haneke. 



"Une espèce d'autarcie affective rend ses membres aveugles et sourds au monde qui les entourent", a pour sa part estimé Isabelle Huppert. Notamment celui des ouvriers et des migrants, qui font quelques incursions dans leur univers glacé.

Mais "ce n'est pas du tout un film sur les migrants", a précisé Michael Haneke, "furieux" qui le film puisse être présenté ainsi. 

Humour froid et désespoir profond se mêlent dans cet univers qui revisite des thèmes récurrents chez le réalisateur comme les névroses de la sexualité ("La pianiste"), le racisme latent ("Caché") ou encore la distorsion du réel par les écrans ("Benny's Video"). 

Présenté à Cannes, le film avait reçu un accueil mitigé. Il représentera l'Autriche à la cérémonie des Oscars en mars prochain. 


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