Plus de six ans après en être parti, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé son retour à Calais pour pallier le "sous-dimensionnement des dispositifs étatiques" dédiés à la prise en charge des migrants et leur apporter un soutien "médico-social et psychologique".
Pour répondre, sur le littoral nord de la France, "aux besoins des personnes exilées" dispersées dans les campements informels et "les aider à surmonter les obstacles d'accès aux soins", l'équipe de MSF se déplace depuis avril dans leurs lieux de vie, affirme l'ONG dans un communiqué.
L'objectif est de "les sensibiliser aux questions de santé mentale", "identifier les cas les plus vulnérables" et "les orienter vers la Permanence d'accès aux soins (Pass) ou l'hôpital", selon l'ONG, qui estime à entre 400 et 600 personnes les exilés vivant actuellement à Calais.
L'association humanitaire s'en était retirée en 2016, après le démantèlement du camp migratoire géant dit la "Jungle", l'objectif de ses interventions n'étant pas "de se substituer aux autorités et acteurs locaux censés assurer un certain service" sur le terrain, a expliqué à l'AFP une porte-parole.
Les pathologies les plus fréquemment rencontrées ont été des problèmes respiratoires liés à l'exposition au froid et au manque de traitement des infections.
Pauline Joyau, coordinatrice du projet de MSF à Calais
Mais les démantèlements "systématiques effectués par la police, parfois avec violence, la confiscation des biens personnels, la marginalisation et les entraves à la solidarité" ont mené "à une précarisation toujours plus forte des personnes exilées et contribuent à détériorer leur état de santé", selon Pauline Joyau, coordinatrice du projet de MSF à Calais, citée dans le communiqué.
Lors des premières consultations menées depuis avril, les pathologies les plus fréquemment rencontrées ont été "des problèmes respiratoires liés à l'exposition au froid et au manque de traitement des infections", ainsi que "des douleurs d'ordre traumatologique liées aux tentatives de passages en camion causant des chutes".
L'équipe a également pris en charge des personnes "ayant subi des violences physiques pendant leur parcours migratoire" ou "ayant vécu des expériences traumatiques, comme le naufrage dans la Manche".
Les pouvoirs publics revendiquent sur le littoral une pratique d'expulsions et démantèlements réguliers d'installations des migrants, visant à empêcher la reconstitution de points de fixation comme le fut la "Jungle".
Mais des milliers d'exilés continuent d'affluer dans la zone, d'où quelque 46.000 d'entre eux, un record, ont réussi en 2022 à gagner les côtes anglaises à bord d'embarcations de fortune.
Avec AFP