Au moins 480 mineurs pourront entrer légalement en Grande-Bretagne, aux termes d'un engagement pris vendredi par Londres, au lendemain d'un sommet franco-britannique au cours duquel plusieurs mesures ont été prises pour régler le dossier des migrants bloqués à Calais.
Que prévoit l'accord entre Londres et Paris ?
Un "Traité de Sandhurst" a été signé jeudi lors du sommet pour "améliorer la gestion technique et opérationnelle de la frontière commune", qui est fixée à Calais depuis l'accord du Touquet en 2004, a affirmé Emmanuel Macron. Un volet spécifique concerne les mineurs isolés, ces jeunes Afghans, Erythréens ou Ethiopiens qui continuent d'affluer à Calais dans l'espoir de gagner l'Angleterre.
L'accord prévoit, côté britannique, de réduire "drastiquement" les délais de traitement des dossiers de demande d'asile des migrants, qui passeront "de six mois à 30 jours pour les majeurs", voire "de six mois à 25 jours pour les mineurs non accompagnés", selon M. Macron. Cela devrait permettre de débloquer la situation d'un certain nombre de mineurs, alors que les entrées légales se font au compte-goutte: depuis le début de 2017, seuls 8 mineurs ont été acceptés par la Grande-Bretagne (et 9 par l'Irlande), selon France Terre d'asile qui assure leur accompagnement.
"Aujourd'hui les procédures sont extrêmement longues en Grande-Bretagne, les vérifications de l'état civil et du lien familial sont pointilleuses, et comme la volonté politique manque, très peu de gens passent", souligne Pierre Henry, le directeur général de France Terre d'asile.
Combien de mineurs vont en bénéficier?
Au lendemain de ce traité, le Home Office (le ministère britannique de l'Intérieur) a rendu publics des engagements chiffrés, au nom de "responsabilités humanitaires" que le gouvernement prend "tout à fait au sérieux". "Nous nous engageons fermement à transférer 480 mineurs" aux termes d'un article spécifique de la législation britannique, dit "amendement Dubs", qui prévoit la prise en charge des mineurs lorsque c'est "dans l'intérêt de l'enfant". Aucune date n'a été fixée.La notion d'"intérêt de l'enfant" peut concerner des mineurs vulnérables, des jeunes filles...
Par ailleurs, le traité de Sandhurst veut garantir que le règlement Dublin "soit mis en oeuvre de façon rapide": en l'occurrence, il s'agit de faire jouer le critère prévoyant de transférer un mineur vers le pays où vivent légalement ses parents ou ses frères et soeurs.
Le Home Office a précisé vendredi que 4 millions de livres seraient consacrés à ces "transferts Dublin" entre la Grande-Bretagne et la France. Une fois la demande d'asile acceptée, la France et la Grande Bretagne travailleront "à transférer les mineurs en 15 jours, et les adultes en 30", précise le communiqué. Sur les quelque 2.000 mineurs du vaste bidonville de la "Jungle" de Calais pris en charge lors du démantèlement en 2016, la Grande-Bretagne avait accueilli environ 800 mineurs : 893 selon France Terre d'asile chargée du recensement, mais 769 selon les autorités britanniques.
Cela suffira-t-il a dissuader les migrants de venir à Calais?
Le Home Office a précisé que seuls seraient éligibles à son nouveau programme les mineurs présents avant ce vendredi 19 janvier en France, en Grèce ou en Italie. Car dès jeudi soir, 70 mineurs environ sont arrivés à Calais, assure M. Henry : "la Belgique n'est pas loin... ils avaient entendu dire qu'il y aurait un assouplissement du regroupement familial".Au delà des mineurs, diverses mesures ont été actées lors du sommet de jeudi afin de contrôler la frontière (renforcement des infrastructure de sécurité avec davantage de vidéosurveillance, des clôtures et des technologies infrarouges notamment), pour lesquelles les Britanniques vont augmenter de 50 millions d'euros leur contribution financière.
"Cela va réduire le nombre de personnes qui vont venir à Calais", a assuré M. Macron.