Quatre personnes soutenant les militants du collectif "Calais logement pour tous.tes" seront devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer, ce 14 février. Aucun n'a participé à l'occupation des bâtiments, mais ils sont accusés de violences à l'encontre des forces de l'ordre.
Ils seront quatre, ce lundi 14 février devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer, après l'occupation de deux immeubles de Calais par le collectif Calais Logement pour tous.tes. Identifiés comme des soutiens du collectifs, même s'ils n'ont pas participé à l'occupation, ces quatre jeunes sont accusés de violences volontaires envers les forces de l'ordre. A leur chef originel d'accusation s'est ajouté également le refus de donner ses empreintes digitales et, pour l'un d'eux, d'avoir fourni une fausse identité.
Les militants souhaitaient, par leur action, mettre en évidence la problématique du mal-logement qui touche les réfugiés, alors que des bâtiments de Calais restent vides. Pendant 5 jours, ils ont occupé un immeuble privé et un détenu par le bailleur social de la ville de Calais. Les forces de l'ordre ont rapidement été postés sur place, avec l'interdiction de laisser entrer quiconque en sortirait. Les membres du collectif étaient soutenus au sol par des militants, et des habitants du quartier.
"Les personnes se mettaient en danger" : le RAID envoyé sur place
Le 11 février, c'est le RAID, pourtant prioritairement déployé dans des opérations contre le crime organisé ou le terrorisme, qui est venu déloger, en hélicoptère, les militants occupant l'immeuble de la rue d'Ajaccio. Selon ces derniers, des explosifs ont été utilisés pour fracturer les portes. Une opération assez hors-norme, pour une occupation restée majoritairement pacifique.
Au moment de l'évacuation, la plupart des occupants avaient pu s'extraire du site sans être interpellés. Mais peu après, trois jeunes français et une ressortissante belges ont été interpellés, soupçonnés d'avoir "commis des violences volontaires à l'encontre des effectifs de la Bac de Calais", leur lançant des projectiles, sans faire de blessés, à proximité de l'immeuble occupé.
Sur place le 9 février, l'adjoint délégué à la sécurité Philippe Mignonet, évoquait une situation quelque peu tendue mais "maîtrisée" et déplorait à la marge quelques caillassages des forces de l'ordre, au moyen de petits cailloux. La sous-préfète de Calais, Véronique Deprez-Boudier, a justifié le caractère prioritaire de cette opération. "Il était important que cette opération puisse se faire rapidement car les personnes se mettaient en danger. Nous avons vu des personnes sur les toits, certaines se pendaient au bout de cordes' a-t-elle déclaré. Les autorités prépareraient activement l'évacuation du second immeuble occupé, rue Frédéric Sauvage.
Les militants dénoncent une "répression excessive"
Les militants du collectif Calais pour tous.tes dénoncent un usage disproportionné de la force et une "répression excessive" de la part des forces de l'ordre et des pouvoirs publics de Calais. Les accusations de "collusion" portées par les militants résonnent dans le contexte de pré-élection présidentielle. En effet, le RAID dépend du ministère de l'Intérieur, actuellement géré par Gérald Darmanin et le procureur de la République est nommé par décret présidentiel. Alors que la maire LR de Calais Natacha Bouchart, vient d'apporter son soutien à Emmanuel Macron, l'action d'éclat à Calais semble, pour certains, teintée d'arguments électoraux.
La mairie de Calais affirmait cependant ne jamais avoir dévié de sa politique, ne souhaitant pas voir le nom de la ville à jamais associé à la crise migratoire. "Nous avons toujours eu le même discours : il est hors de question d'utiliser la ville de Calais comme terrain de revendication et comme terrain de jeu", tranchait Philippe Mignonet le 9 février.