Le collectif "Calais logement pour tous.tes" réclame la fin des expulsions et du démantèlement des lieux de vie des personnes exilées. Pour plaider leur cause et montrer que d'autres solutions existent, ils occupent depuis plusieurs jours des bâtiments laissés vides.
"Nous sommes un groupe de personnes de différents pays qui se battent pour le droit de chacun et chacune à un logement digne et sûr". Voilà comment se présentent les militants du mouvement "Calais Logement pour tous.tes". Ils revendiquent l'occupation, depuis le 6 février, de "nombreux bâtiments de la ville de Calais qui restent vides et gaspillés, pendant que des gens dorment dans les rues".
Des logements vides, 1500 personnes à la rue
Avec cette action d'occupation, ils espèrent attirer l'attention sur la condition des quelques 1500 réfugiés présents à Calais. Comme l'ensemble des associations implantées sur la zone, le collectif dénonce les expulsions répétées, le vol d'effets personnels et le manque d'accès à l'eau, à la nourriture et au logement.
Les militants de "Calais logement pour tous.tes" demandent l'arrêt de toutes les expulsions et des démantèlements des lieux de vie. "Nous voulons créer les espaces ouverts, protégés de la violence de l'Etat et des discriminations, où le statut administratif d'une personne n'a pas d'impact sur sa capacité à satisfaire ses besoins fondamentaux, à faire l'expérience de la solidarité et à vivre dignement" développent-ils.
Leurs revendications semblent avoir peu de chances d'aboutir. Dès le 7 février, la municipalité a entamé une première procédure d'expulsion au pénal, rejetée par le procureur de la République. La mairie s'est donc rabattue sur une procédure civile en référé auprès du tribunal de grande instance.
La ville agacée d'être "utilisée comme terrain de jeu"
"Notre requête en expulsion a été rédigée aujourd'hui, nous attendons que M. le Président du tribunal la lise, et l'accepte - ou non",expose Philippe Mignonet, l'adjoint délégué à la sécurité, qui passé la journée devant l'un des immeubles occupés, géré par le bailleur social de la commune. Selon lui, la situation est "tendue, mais maîtrisée" entre les militants, quelques habitants et les forces de l'ordre stationnées sur place. Malgré quelques caillassages légers, la situation ne s'est pas envenimée.
"La négociation se fait par l'intermédiaire des forces de l'ordre qui sont au contact, mais il est clair et net que les militants ne veulent pas quitter ce bâtiment", estime l'élu. Questionné sur les revendications des militants et la question du mal-logement, Philipe Mignonet estime qu'il s'agit pour l'essentiel de questions de politique nationale. "Nous avons toujours eu le même discours : il est hors de question d'utiliser la ville de Calais comme terrain de revendication et comme terrain de jeu. Nous resterons très attentifs."
La famille propriétaire de l'autre immeuble occupé aurait, selon les informations de la mairie, déposé plainte de son côté.