Poulets gorgés d'eau : des associations du Nord-Pas-de-Calais concernées

Quelques mois après une alerte concernant des steaks destinés à l'aide alimentaires aux plus démunis, ce sont des escalopes de poulet surgelées qui ont été pointées du doigt. Les services de l'Etat décrivent une "possible fraude économique", sans que la santé des consommateurs ne soit en péril. 

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 "Un acte de déloyauté de la part de l'entreprise qui les a vendus" : c'est en ces termes que Jacques Bailet, le président du réseau des Banques alimentaires, qualifiait ce lundi sur Franceinfo une possible affaire de fraude dans l'aide aux personnes dans le besoin. Près de 360 tonnes d'escalopes de poulet gorgées d'eau auraient ainsi été distribués à des associations caritatives via le Fond européen d'aide aux plus démunis (Fead).
 


La viande, fournie par un producteur danois, présentait une teneur en eau supérieure à la norme, "indice d'un possible ajout d'eau" selon les services de l'Etat qui ont ouvert une enquête. "Cette possible fraude économique permet à une entreprise d’augmenter artificiellement la masse des produits qu’elle commercialise et donc sa marge, elle n’induit cependant d’impact ni sur la santé des bénéficiaires, ni sur les propriétés des produits", précise le communiqué. Parmi les associations auxquelles a été allouée la marchandise se trouvent les Banques alimentaires, les Restos du cour, la Croix-Rouge et le Secours populaire.

 

Des associations concernées dans la région


Au sein de ce dernier, le département du Nord est l'une des plus importantes fédérations de France. La structure estime à environ 15.000 le nombre de familles qui bénéficient chaque mois de l'aide alimentaire. "En octobre 2018, on a reçu 42 tonnes [de poulet provenant du producteur incriminé, NDLR], indique Jean-Pierre Delétrez, secrétaire départemental en charge de la communication. Depuis, on en a écoulé, bien sûr." Selon l'association, il resterait aujourd'hui 11 tonnes de viande, soit 25.000 escalopes, dans ses stocks. Leur distribution a été arrêtée. 
 
Au sein de l'Association d'entraide du Calaisis, l'ensemble de la marchandise concernée - 700 à 800 kilos reçus en avril et mai dernier, selon son président - a quant à elle été distribuée au cours de l'été. "On garde les étiquettes de la provenance par sécurité, détaille André Choteau. Quand on a eu l'info [lundi, NDLR], on est allé les contrôler."
 
Les deux structures ont déjà été touchées, en juin dernier, par une fraude sur des steaks hachés surgelés. La viande, fournie également par l'aide européenne, s'est révélée de "très mauvaise qualité" bien que les analyses conduites "ont permis d’écarter tout risque sanitaire", précisait alors un communiqué commun des quatre associations concernées. Par précaution, la distribution avait été suspendue.

 

"Nous sommes en situation de pénurie"


"Ça devient inquiétant", réagit André Choteau, qui nuance : "La viande des surplus européens, ça fait très longtemps qu'on en a. On n'avait jamais eu ce problème." Pour l'association calaisienne, cette source représente environ 25% des denrées alimentaires ensuite distribuées - à hauteur d'environ 4.000 repas par semaine. Le reste provient de magasins et grandes surfaces.
 

C'est un produit intéressant pour nous : la viande, on en n'a pas toujours


Au Secours populaire, la dépendance à l'aide européenne est plus importante : ces denrées représentent environ 65% de la nourriture distribuée, estime Jean-Charles Delporte, responsable d'exploitation logistique à la fédération du Nord. "Le jour où les fonds européens disparaissent, on pourra arrêter", reconnaît-il, soulignant lui aussi la rareté de ce type d'épisode. 
 
Au-delà du préjudice économique, l'association s'inquiète à présent de ne plus pouvoir fournir de protéines animales diversifiées à ses bénéficiaires. "Aujourd'hui, nous sommes en situation de pénurie au niveau de la distribution : plus de steaks, plus de poulet, souligne Jean-Pierre Delétrez. Pour le mois de septembre, on n'a plus que des filets de poisson ou des lasagnes à distribuer." La fédération lance donc un appel aux dons, à destination des producteurs.
 
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