Depuis plusieurs mois le monde de la culture est paralysé par la crise sanitaire. Tous les spectacles sont annulés mais certaines structures se battent coûte que coûte, comme la scène nationale de Calais. Coup de projecteur sur Le Channel qui continue tout ce qui est possible de faire.
Notre édition Littoral Hauts-de-France vous propose une immersion au cœur du Channel, la scène nationale de Calais. Ici, les acteurs de la culture continuent les répétitions et se mobilisent malgré le contexte sanitaire pour faire vivre cette institution.
Continuer à créer et à faire rêver
Objectif pour le Channel, "continuer tout ce qui est possible" comme nous l'explique, Léna Pasqualini. La directrice adjointe veut "continuer à créer et à faire rêver" même si cette situation dure depuis presque un an. "On espère et on souhaite que ce soit une situation temporaire" soupire-elle.
"Donc ça ne modifie pas notre ardeur à la tâche, notre manière de nous projeter. On continue de réfléchir et on se projette sur l’année prochaine. On reste créatif ! On s’active comme dans une ruche. Cette crise nous oblige à être constamment actifs, constamment dans la réflexion, à être hyper adaptable. Ce travail là on peut le faire parce que je pense on est une relative petite équipe et que l’on a une relation hyper proche et de convenance avec les artistes, avec les enseignants qui vont être avec nous pour trouver des solutions."
Une Directrice adjointe entre frustration et tristesse mais toujours avec l'envie d'accueillir les artistes et de les programmer dés que possible : "Une partie de notre équipe est en télétravail mais nous continuons d'accueillir des artistes en résidence et même si nous avons dû annuler les spectacles nous avons décider de payer les compagnies."
Des artistes en résidence ...
Les salles de spectacles sont libres mais pas vides ! "Les artistes peuvent en disposer comme ils le souhaitent" expliquent Léna Pasqualini. "Une présence qui fait du bien et la créativité s'exprime d'autant plus."
Sébastien Wojdan est un esprit touche-à-tout. Musicien et artiste de cirque, il prépare, ici, son nouveau spectacle, intitulé "Blanc." Les numéros imaginés sont nombreux et demandent de l'entraînement.
"Blanc" est un spectacle où l'artiste hypocondriaque donne vie aux peurs, aux tabous et aux oppressions que l'être humain peut subir. Une création en constante évolution. La scène devient un laboratoire qu'il expérimente comme avec ses couteaux.
"Les répétitions sont très importantes. Au départ il y a beaucoup de choses qui viennent et au fur et à mesure tu épures et parfois il ne reste que l’essentiel. Il y a une accroche qui s’est faite entre Le Channel et ma façon d’aller vers le public, c’est-à-dire de créer une relation avec les gens " précise Sébastien.
Loin de son public, l'artiste continue à faire évoluer son spectacle. Mais après plusieurs mois d'arrêt, se remettre au travail n'est pas forcément simple. "Je me sens un peu comme un diesel qui est resté au garage pendant un moment mais hop hop hop, il faut y aller maintenant " sourit-il.
Des artistes en expérimentation
Ce moment suspendu, une opportunité, aussi, pour la Compagnie du Son. Cette compagnie calaisienne est elle aussi en résidence. Greg et Fred travaillent autour de leur table sonore, leur nouvel outil de recherche et d'improvisation.
Dans leur projet intitulé "2 à table", les percussions et l'électronique fusionnent : toucher, frotter, taper, froisser les objets et les matières pour un concert en devenir.
Ils espèrent dès que possible, que le public sera convié autour de la table ...
Un lieu ouvert qui accueille encore du public
À Calais, le Channel n’est pas seulement un lieu où l’on vient le soir, comme au théâtre. On peut y flâner pour d’autres raisons dans la journée.
La librairie fait partie de ces endroits qu'il est encore possible de fréquenter et son chiffre d’affaires a même augmenté de 0,5 % par rapport à l’année précédente. Tout comme le restaurant qui fait de la vente à emporter. Trois mois après le lancement de leurs menus en clique&collecte, les Grandes Tables du Channel dressent un premier bilan plutôt satisfaisant.
"Depuis 2013, le Channel s'inscrit dans un partenariat avec le lycée Sophie Berthelot, situé à 200 mètres" rappelle Léna Pasqualini. "Nous ne pouvions pas les laisser au bord de la route." C'est donc sous le grand chapiteau, qu'une quinzaine d'élèves de terminale sont en cours d'art du cirque chaque semaine. Un cursus sur 3 ans encadré par les enseignants d'EPS, Didier Courtois et Agnès Marant.
Même si les exercices du moment sont au sol, puisque l'utilisation des agrès leur est interdit, le travail sur l'émotion reste forte. Au programme, de la musique et des lectures de textes, sources d'inspiration pour travailler l'aisance du corps.
Le secteur de la culture va-t-il bientôt sortir de ce tunnel ? C’est ce qu’a laissé entrevoir Roselyne Bachelot en annonçant l’organisation de plusieurs "concerts tests" au printemps, à Marseille et à Paris.