VIDEO. Loëvann, 2 ans, mort après avoir avalé la pile au lithium d'un hand spinner : son père témoigne

Un petit garçon de deux ans originaire de Polincove, près de Calais, (Pas-de-Calais) est décédé dimanche après avoir avalé fin août une pile au lithium d'un jouet pour enfant, appelé "hand spinner". Son père veut se battre pour que cela n'arrive plus jamais. 

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"C'est un drame innommable. Les parents veulent vraiment que tout le monde prenne conscience de la dangerosité de ce type de piles, au lithium. Tout l'intérieur du corps de l'enfant était nécrosé". Le maire de Polincove, Thierry Rouzé, est abattu, plein de questions après la mort d'un petit garçon de sa commune, Loëvann, 2 ans. Il est décédé dimanche après avoir avalé fin août une pile au lithium d'un jouet pour enfant, un hand spinner.

Son père, Florian Gougeon, a décidé de témoigner pour que ce drame puisse ouvrir le débat autour des piles au lithium. Il raconte ce qui s'est passé, ce que les médecins ont tenté de faire pour sauver son fils et les questions qu'ils se posent sur un "poison" qu'il ne connaissait pas.

Voici son témoignage recueilli par nos journalistes Hélène Tonneillier et Jean-Marie Barféty.
 


 

Le samedi, il a commencé à avoir des problèmes respiratoires.


"C'était un mercredi fin août, on était chez une amie. Loëvann jouait dans le jardin avec d'autres enfants. Les grands jouaient avec un hand spinner. On est rentrés à la maison. Il s'est endormi normalement. Le jeudi, tout s'est passé normalement. Le vendredi midi, il est allé voir sa maman pour dire qu'il avait mal aux dents. Le médecin a prescrit des médicaments pour les dents. Ça l'a apaisé. Le samedi, il a commencé à avoir des problèmes respiratoires. On a appelé le SAMU qui nous a dit d'aller le voir le médecin traitant. Moi, j'ai dit : "On va aux urgences". Ils ont fait une échographie, une ponction lombaire, une radio. La pédiatre, sur le coup, n'a pas vu cette pile en fait. Ce n'est que le lendemain que son collègue l'a vu. Il a dit : "Il y a quelque chose". Ils ont refait une radio."
 

Ils ont vu que l'oesophage était perforé.

"Un professeur a dit de l'amener rapidement. Entre deux, l'amie chez qui on était a vu que un hand spinner était cassé. On s'est dit que Loëvann avait avalé la pile. Le dimanche soir, les médecins ont réussi à la lui enlever . Malheureusement, même si la pile est enlevée, ce putain de lithium continue à dévorer tout ce qu'il y a sur son passage. A ce moment-là, l'oesophage n'était pas encore perforé. On nous a dit : "Il faut attendre". Le lundi, ils ont refait un scanner, ils ont vu que l'oesophage était perforé. Le soir, un professeur est venu. Ils nous ont dit que notre fils pouvait mourir à tout moment. A 21 heures, ils l'ont amené au bloc. Ils ont fait une opération à coeur ouvert. Ils ont séparé l'oesophage de l'aorte qui était abîmée. Ils ont enlevé les nécroses de l'oesophage. "
 

Il y avait toujours un petit quelque chose qui nous disait de garder espoir.


"Et puis après, les jours qui ont suivi, il y avait de l'avancement. ils retiraient la morphine, ils retiraient l'oxygène.... Il y avait toujours un petit quelque chose qui nous disait de garder espoir. Une semaine après, ils l'ont transféré en chirurgie pédiatrique. Il a recommencé à parler, à rigoler. Il y avait du soleil dans sa chambre. On lui a ramené des jouets. Plus ça allait, plus ça avançait... 15 jours après l'opération, le professeur nous a rassuré. Il a dit qu'il n'y avait pas de raison que ça n'aille pas. 

On en est arrivé à presque un mois. Il est décédé un dimanche. Le samedi matin, on nous disait encore qu'il allait rentrer la maison. Voilà, je n'ai pas envie d'en parler plus... Je veux que tout le monde sache que
Loëvann a été courageux, souriant jusqu'au bout."
 

Le lithium, c'est une saloperie !


"Mon premier coup de gueule c'est contre les piles au lithium. Ces piles sont dans beaucoup de jouets pour enfant. Mon deuxième problème, c'est les hand spinners parce que, c'est beau quand ça tourne mais... On ne voyait pas le danger au début. C'est pour ça qu'on se bat. On n'a pas idée de ce danger. Le hand spinner, on se dit c'est pour distraire les enfants. Mais non, même sans pile, c'est dangereux, un petit enfant peut avaler une pièce, s'étouffer...

Dans les cours de récré, dans les maisons, partout vous voyez des enfants avec un hand spinner lumineux.. D'accord, c'est pas un jeu pour les enfants de 2 ans. Mais dans une famille où il y a un enfant de 10 ans, le plus petit, il va peut-être y jouer... Même nous, ce danger, on ne l'a pas vu. On a su que d'autres enfants du même âge que mon fils sont partis aussi. Mon combat c'est ça : qu'il n'y ait plus ces piles dans les jouets des enfants. On ne sait pas, un enfant peut l'avaler sans que les parents ne le voient. Si vous ne le voyez pas, vous ne le saurez pas...

Est-ce que dans ces jouets-là, il n'y a pas d'autres solutions, mettre des plus grosses piles ? Ce sont les piles boutons qui posent le plus de problème.

Notre famille est anéantie. Le lithium, c'est une saloperie. Ça peut créer une brûlure au 3ème degré. Ces piles lithium sont un poison. Il n'y a pas pire... Et le danger, nous, on le ne connaissait pas... Si on l'avait su, on aurait peut-être réagi autrement. 

Il vaut mieux acheter des jouets sans pile. On ne veut plus que ça arrive à qui que ce soit..."



 
Hand spinner - lithium = danger
En 2017, les jouets sont arrivés en tête des produits dangereux signalés dans l'UE, selon un rapport de la Commission européenne publié en mars. Les dangers
liés à certains modèles de "hand spinners" avaient particulièrement été mis en avant. 

Sans donner de chiffres, la Commission soulignait que "des contrôles sur des échantillons avaient rapidement révélé des problèmes", liés notamment aux petites piles-bouton permettant à des modèles de toupie de s'allumer en tournant. En cas d'ingestion, elles peuvent "causer des brûlures de l'oesophage et des intestins", soulignait le rapport.

« Les piles bouton ne sont pas des corps inertes comme une pièce de monnaie et sont à l’origine de réaction chimiques provoquant des brûlures graves lorsqu’elles sont en contact avec une muqueuse, explique à Nord-Littoral le docteur Magali Labadie, chef de service du centre antipoison du CHU de Bordeaux. La gravité est le plus souvent liée à l’enclavement dans l’œsophage car l’œsophage est proche des voies respiratoires et de l’artère aorte. Les brûlures induites par les piles peuvent continuer à évoluer même si la pile a été retirée, et perforer les structures adjacentes c’est-à-dire les voies respiratoires et l’artère aorte. »

Le décès arrive le plus souvent à J+21 après l'ingestion de la pile selon la présidente de la Société de Toxicologie Clinique qui signale deux autres cas ces dernières années.
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