Originaire d'Haplincourt dans le Pas-de-Calais, Gabin Cognon a suivi une formation pas comme les autres pour devenir... porte-drapeau. Du haut de ses 17 ans, il participe donc aux commémorations du 11 novembre. Ce jeune amoureux du drapeau tricolore nous a raconté son parcours.
"Comme partout, les porte-drapeaux vieillissent", c'est le constat qu'a dressé Michel Flahaut, maire du village d'Haplincourt, en 2021. Avec son adjointe, ils ont alors souhaité sensibiliser les jeunes à ce sujet en leur proposant de "reprendre le flambeau" des anciens.
"C'est important parce qu'on est sur un territoire où les guerres n'ont pas fait semblant.", témoigne le maire. "Haplincourt a été complètement détruite en 1917. Le devoir de mémoire, on le voit bien aujourd'hui face aux problématiques dans le monde, rappelle qu'il ne faut pas oublier la guerre."
Après quelques semaines de réflexion, ils ont finalement abouti à un projet, en partenariat avec sept communes avoisinantes : créer une école de porte-drapeaux. Basé sur le volontariat, ce projet a séduit 15 jeunes entre 2022 et 2023, dont Gabin Cognon qui depuis, officie lors des commémorations.
"On m'a proposé, j'ai accepté"
Originaire d'Haplincourt et étudiant les arts en Belgique, Gabin Cognon, 17 ans, a l'amour de la patrie chevillé au corps. Lorsqu'il a su qu'une formation de porte-drapeau ouvrait dans son village, il n'a pas hésité. "Comme les anciens porte-drapeaux commençaient à vieillir, il fallait bien transmettre ce savoir et cette histoire. On m'a proposé, j'ai accepté", raconte-t-il.
Sur son temps libre les samedis, il a donc assisté à des cours théoriques, mais aussi pratiques pour porter comme il se doit le drapeau tricolore. "J'aime bien la France, j'aime bien mon pays. On a eu des cours d'histoire de la guerre et des dossiers historiques, puis d'anciens porte-drapeaux nous ont tout expliqué."
Presque comme des parrains, les anciens ont accompagné les jeunes durant leur formation, à la fin de laquelle ils ont pu récupérer le drapeau de leurs prédécesseurs. Un moment rempli d'émotion pour Gabin. "Il m'a donné son drapeau parce qu'il n'a plus la force de faire toutes les commémorations. Ça met une pression, car le drapeau a une histoire, tout comme la personne qui me l'a donné. Quand tu le reçois, tu es fier, tu as aussi un petit poids sur les épaules parce qu'il ne faut pas faire n'importe quoi."
Lors des commémorations, Gabin suit un protocole strict. Il a donc dû s'entraîner avant de maîtriser les rudiments de l'exercice. Il détaille : "quand on arrive sur les lieux, le drapeau doit déjà être déplié, on ne peut pas le déplier devant le monument sinon ce serait un manque de respect. Ensuite, je me place à côté du maire ou des musiciens, et on attend la Marseillaise. Pendant l'hymne, on doit baisser le drapeau, les bras tendus. Puis, on avance avec le maire."
Grâce à cette formation, le jeune homme a déjà pu officier une dizaine de fois, notamment lors de l'enterrement d'un ancien porte-drapeau, mais aussi lors des commémorations du 11 novembre en 2023.
Sans surprise, il participe donc au 11 novembre de la commune d'Haplincourt cette année, déjà rodé à l'exercice, mais non sans trac. "Avant, je suis un peu stressé, j'ai toujours peur de faire une erreur" se confie-t-il, "mais pendant, je reprends confiance en moi, parce que c'est un plaisir et que je suis fier de porter le drapeau français."